La banque centrale chinoise s’apprête à lancer une monnaie virtuelle soutenue par le gouvernement chinois, surnommée DC/EP (Digital Currency/Electronic Payments ou Monnaie numérique/Paiements électroniques). Celle-ci sera distribuée à sept grandes institutions du pays, à charge pour elles d’en assurer la diffusion auprès de la population et des entreprises. C’est ce qu’affirme un ancien cadre de la seconde plus grande banque du monde, la China Construction Bank, maintenant devenu chercheur.
Selon ses dires, son ancien employeur, ainsi que la plus grande banque du monde, la Banque industrielle et commerciale de Chine, la Bank of China, l’Agricultural Bank of China, Union Pay, une association de banques chinoises, et les deux mastodontes technologiques Alibaba (le géant de l’e-commerce chinois), et Tencent (la firme derrière le réseau social chinois très populaire WeChat), se verront confier cette monnaie virtuelle, avec pour objectif de la disséminer auprès du grand public.
Une inaguration lors de la fête des célibataires
D’après une autre source, cette monnaie virtuelle serait prête depuis l’année dernière, et son lancement effectif pourrait avoir lieu le 11 novembre de cette année. Cette date n’a pas été choisie au hasard. Elle correspond en effet à la journée des Célibataires, une fête très populaire en Asie, assez proche de notre Saint-Valentin, qui s’accompagne d’un shopping intensif. L’année dernière, Alibaba avait réalisé pas moins de 213,5 milliards de yuan, soit 27,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur cette seule journée, ce qui en avait fait la journée la plus juteuse de tous les temps pour le e-commerce (notre photo).
La banque centrale chinoise espère que la monnaie virtuelle fera ultimement son chemin vers d’autres économies, au travers des banques correspondantes occidentales.
Une contradiction pour la Chine qui interdit les transactions en monnaie virtuelle
La démarche consistant à faire appel à des institutions financières accréditées pour assurer la distribution de la monnaie et sa vulgarisation, en quelque sorte, n’est pas sans rappeler le panier de monnaies qui est à la base du Libra, la monnaie virtuelle dont Facebook vient d’annoncer la création, ou encore la suggestion de création d’une monnaie composite pour remplacer le dollar, que le gouverneur de la banque centrale d’Angleterre, Mark Carney, a faite la semaine dernière, affirme Forbes. Le Libra de Facebook s’appuie également sur des entreprises partenaires de renom (notamment Uber, Spotify, PayPal, Visa et Mastercard) pour sa promotion.
Elle vise également à assurer la prééminence de cette crypto-monnaie sur toutes les autres, en éliminant la demande du public pour ces dernières, tout en maintenant le contrôle de la banque centrale chinoise.
Cette création est d’autant plus étonnante, que la Chine réprime activement les transactions portant sur les monnaies virtuelles depuis plusieurs années. L’Empire du Milieu a également prohibé les Initial Coin Offerings (les opérations de levée de fonds qui accompagnent le lancement d’une monnaie virtuelle) ainsi que le minage des cryptomonnaies.