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La volonté de la Chine de se sevrer du charbon n’est plus qu’un vœu pieux : le nombre de centrales explose

La volonté de la Chine de se sevrer du charbon n’est plus qu’un vœu pieux : le nombre de centrales explose
La Chine reste encore ultra-dépendante du charbon pour son énergie. (Kevin Frayer/Getty Images, World Press Photo via AP)

Toujours plus de centrales à charbon chaque année : les engagements écologiques de la Chine lors de la Cop26 semblent bel et bien enterrés par la crise énergétique et le besoin de faire redémarrer l’économie.

Pourquoi est-ce important ?

La Chine est le pays consommant le plus de charbon sur la planète, au grand dam de tout effort réaliste pour limiter les effets du réchauffement climatique - sans parler des effets de toute cette pollution sur la santé. Pékin s'est plus d'une fois engagée à se passer progressivement du minerai noir. Après la Cop26 de Glasgow, Xi Jinping a annoncé qu'il visait une Chine neutre en carbone d’ici 2060 et qu’elle atteindrait son pic d’émissions d’ici 2030. Des promesses qui paraissent de moins en moins réalistes.

Dans l’actualité : selon un rapport rédigé par Greenpeace, la Chine continue à étendre son réseau de centrales électriques au charbon. Les pouvoirs locaux du pays ont approuvé plus de nouvelles centrales au charbon au cours des trois premiers mois de 2023 que pendant toute l’année 2021.

  • Entre janvier et mars de cette année, au moins 20,45 gigawatts d’énergie au charbon ont été approuvés, contre 8,63GW au cours de la même période en 2022. En 2021, la Chine n’avait approuvé « que » 18 nouveaux GW d’électricité issue du charbon.
  • La production d’électricité par la consommation de charbon explose en Chine : en 2019, les gouvernements locaux avaient approuvé 13.91 nouveaux GW. En 2022, ce chiffre était monté à 90.72 GW, soit l’équivalent de deux centrales par semaine. 2023 part donc sur des bases encore plus importantes.

La sécurité énergétique avant tout

Le contexte : une Chine qui a peur du black-out. En 2021, le pays a été frappé par des pénuries d’électricité gravissimes, alors qu’il tentait de faire redémarrer son économie après le pic du Covid-19, et que des inondations torrentielles mettaient à l’arrêt plusieurs centrales capitales pour son approvisionnement. Le pays a tout misé sur la sécurité de son approvisionnement. Or, il tire encore la moitié de son énergie du charbon, malgré de réels efforts de transition.

  • En septembre dernier, le prix de l’électricité a grimpé en flèche lorsque les usines ont rouvert pour répondre à la demande mondiale suite à la reprise économique. Le gouvernement ayant plafonné les prix, de nombreuses centrales électriques ont réduit leur production plutôt que de fonctionner à perte, rappelle The Guardian.
  • La guerre en Ukraine est également passée par là, faisant grimper en flèche les prix mondiaux de l’énergie, et convainquant Pékin d’assurer avant toute chose sa sécurité énergétique.
  • Il faut dire que, selon des militants écologistes chinois, le réseau du pays reste très fragmenté, ce qui nuit à son efficacité, et la taille du territoire à couvrir n’aide certainement pas. Plus de 75 % des ressources chinoises en charbon, en énergie éolienne, en énergie solaire et en hydroélectricité se trouvent dans l’ouest du pays, tandis que plus de 70 % de la consommation d’électricité a lieu dans le centre et l’est de la Chine.
  • En outre, un récent rapport du Centre chinois de recherche sur l’énergie et l’air pur pointe que les technologies de stockage des énergies propres « ne sont pas encore suffisamment mûres pour être déployées à l’échelle considérée comme essentielle. »
  • Pour l’heure, la Chine dépend encore à 60% du charbon. Le problème, c’est que son appétit en énergie est tel, que sa production d’énergies renouvelables ne diminue pas la production d’énergies fossiles, mais s’y ajoute.
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