Dans un avenir plus ou moins proche, les êtres humains disposeront de davantage de contrôle sur leurs données personnelles, mais profiteront surtout de leur propre assistant d’intelligence artificielle.
L’actualité : L’inventeur d’Internet, Sir Tim Berners-Lee, et le PDG d’Inrupt – entreprise qu’il a cofondée avec le premier –, John Bruce, ont partagé leur vision de l’avenir, lors d’une interview pour CNBC. Une vision qui s’articule autour du contrôle des données personnelles et de l’intelligence artificielle.
Le détail : Berners-Lee s’est montré particulièrement enthousiaste vis-à-vis de ChatGPT et de ce que ce genre d’IA générative pouvait apporter au commun des mortels. Nous pourrions bientôt disposer de notre propre IA conversationnelle.
- En plus d’être personnelle, elle se rapprochera des assistants virtuels d’Amazon et d’Apple, Alexa et Siri, mais sera personnalisée, car elle aura accès aux « pods » des utilisateurs, à savoir des conteneurs de stockage en ligne dédiés à conserver les données personnelles des individus.
- Les IA personnelles utiliseront en effet ces pods pour apprendre et aider leur utilisateur, d’une manière personnalisée.
Quelque chose a mal tourné sur le web
Lors de son interview, Berners-Lee a également fait le constat que quelque chose avait mal tourné dans sa création. Il a notamment pointé du doigt le fait que le pouvoir était désormais concentré entre les mains d’un petit nombre de grandes entreprises du web.
- « Tout le monde est sur Facebook, ils n’ont donc pas [leur propre] site web. Ils utilisent tous celui de Mark Zuckerberg », a-t-il déclaré. « Lorsque les gens vous recherchent sur Facebook, vous ne contrôlez pas vraiment ce qu’ils voient… Les algorithmes de Mark Zuckerberg contrôlent les informations qui leur sont fournies lorsqu’ils consultent votre profil », a-t-il ajouté.
- Or, « c’est très déresponsabilisant. C’est très utile pour Facebook. Ils ont beaucoup de données sur les gens qu’ils utilisent pour les cibler avec des publicités… mais ce que nous avons perdu, c’est la capacité des individus à avoir du pouvoir », a ainsi continué l’inventeur du web.
Rendre aux utilisateurs le contrôle de leurs données
La solution qu’il propose est un retour aux sources de ce qu’il a créé, de redonner le pouvoir aux utilisateurs en leur offrant un contrôle total sur leurs données. Il y travaille au sein de la startup qu’il a cofondée avec Bruce, nommée Inrupt.
- Le but de cette dernière est de fournir aux utilisateurs une authentification unique pour différents produits et services sur Internet qui empêcherait les géants du web de collecter des données à leur sujet par défaut.
- Leurs informations personnelles seraient alors stockées dans les fameux « pods ».
- Les utilisateurs pourraient alors décider d’autoriser ou non l’accès des sites Internet à leurs « pods ».
Il faudrait évidemment obtenir l’adhésion des géants du web, mais étant donné qu’ils sont dépendants de ces données pour attirer les annonceurs – principale source de revenus –, ils n’auraient pas vraiment le choix. D’autant plus que le système actuel montre des ralentissements. Un renouveau dans la manière d’accéder aux données personnelles des individus pourrait être une révolution positive pour eux aussi.
- Au lieu de « demander à l’aveuglette si vous êtes le candidat idéal pour mon produit ou mon service, et si je vous posais la question de manière légitime ? Et vous me donnez votre réponse » a explicité Bruce.
- Cela impliquerait également un changement notoire de comportement pour les utilisateurs qui devront se montrer plus actifs puisqu’ils devront décider de si oui ou non, ils offrent un accès à leurs données aux sites Internet.
- Tout cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais plutôt « petit à petit ». C’est en tout cas ce qu’espèrent les deux hommes.
Une vision qui s’inscrit dans celle du Web3 ou Web 3.0 qui vise une décentralisation d’Internet, où le web ne serait pas dominé par une poignée d’acteurs.
Et si pour beaucoup, cette révolution d’Internet ne peut se faire qu’avec la blockchain, ce n’est pas l’avis des cofondateurs d’Inrupt.
- L’inventeur du web estime en effet que la blockchain est la solution pour rendre aux utilisateurs le pouvoir, car elle n’est pas assez rapide, mais n’offre surtout pas suffisamment de confidentialité.