Chamath Palihapitiya, qui a été vice-président de Facebook en charge de la croissance de sa base utilisateurs, a expliqué pourquoi « désormais, il interdit à ses enfants d’utiliser Facebook » lors d’une conférence donnée à la Stanford Graduate School of Business. Après 4 années passées chez Facebook, Palihapitiya a fondé une société de capital-risque, Social Capital, qui se consacre au financement d’entreprises dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du changement climatique. Au cours de son intervention, il a expliqué qu’il se sentait « extrêmement coupable ».
« Je pense que nous avons créé des outils qui détruisent le tissu social qui est à la base du fonctionnement d’une société »
- « Je me sens extrêmement coupable. Je pense que nous savions tous au fond de nous, même si nous faisions semblant de croire qu’il n’y aurait probablement pas de conséquences indésirables, (…) nous savions d’une certaine manière que quelque chose de mal pourrait se produire. Mais je pense que la manière dont nous l’avons défini n’était pas comme ça.
- « Je pense que nous avons créé des outils qui détruisent le tissu social qui est à la base du fonctionnement d’une société. C’est réellement là que nous en sommes. Et je voudrais encourager chacun d’entre vous, en tant que futurs dirigeants du monde, de vraiment saisir l’importance de cette question. Si vous nourrissez la bête, cette bête vous détruira. »
- « Les boucles de feedback à court terme menées par la dopamine que nous avons créées [les « like », « thumbs up » des réseaux sociaux] détruisent la façon dont la société fonctionne. Il n’y a pas de conversation civile, pas de coopération, par contre il y a de la désinformation et des contre-vérités. Et ce n’est pas qu’un problème américain, cela ne concerne pas seulement la publicité russe [de la campagne électorale américaine]. C’est un problème mondial ».
- « Je n’ai pas de solution. Moi-même, je n’utilise plus ces outils. Je ne l’ai pas fait depuis des années. Cela a créé beaucoup de tensions vis-à-vis de mes amis, et dans mes cercles sociaux.
- Il cite le cas d’un canular qui a circulé sur WhatsApp en Inde, faisant état de kidnappings d’enfants. Les citoyens ont formé des milices de rues et sept hommes innocents ont été lynchés en conséquence. « Voilà à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui. […] Développez cela à l’extrême, et imaginez que de mauvais agents peuvent maintenant manipuler d’énormes groupes de personnes pour faire ce qu’ils veulent. C’est une situation vraiment grave. Et nous compliquons le problème. Nous alimentons nos vies avec cette perception de la perfection, parce que nous sommes récompensés par des signaux à court terme. Des cœurs, des « likes », des « thumb-up » ». Et nous confondons cela avec la valeur, et nous confondons cela avec la vérité. Et au lieu de cela, ce que nous avons, c’est une popularité totalement fictive. (…) Songez que cela se cumule avec 2 milliards de personnes. C’est vraiment désastreux. »
- « Je ne peux pas contrôler ce qui se passe là-bas. Je peux contrôler ma décision, et donc je n’utilise pas cette merde. Je peux contrôler les décisions de mes enfants, et donc je leur défends d’utiliser cette merde. Et ensuite, je peux me concentrer sur le diabète, le changement climatique et l’éducation. C’est ce que je peux faire. Mais chacun doit chercher en son âme et conscience ce qu’il veut faire, parce que vos comportements, vous ne le réalisez pas, mais vous êtes programmés. Ce n’était pas intentionnel, mais maintenant vous devez décider quelle part de votre indépendance intellectuelle vous êtes prêt à céder, et ne vous cachez pas derrière + Oh, oui, mais moi je suis un petit génie de Stanford…+. Vous êtes probablement les plus susceptibles d’y succomber ».