Cette start-up vend les identités de 3 milliards de visages

En écumant méticuleusement Internet, la discrète start-up américaine Clearview AI est parvenue à constituer une base de données d’environ trois milliards de visages et, par extension, d’en fournir les identités. Elle vend ces informations aux forces de l’ordre.

L’efficacité de la reconnaissance faciale dépend de la qualité du logiciel utilisé et de la taille de la base de données mise sa disposition, en l’occurrence la quantité de visages enregistrés dans le système. Sachant cela, Clearview AI a constitué sa propre base données privée en se servant dans la plus grande qui soit: Internet et les réseaux sociaux.

Facebook, Twitter, YouTube, Intsagram, sites d’entreprise… La start-up, crée en 2016 par l’Australien Hoan Ton-That, a scrupuleusement récolté toutes les photographies sur lesquelles elle pouvait mettre la main, constituant au passage une base de données pratiquement universelle de trois milliards de visages, explique le New York Times dans une longue enquête parue le week-end dernier et relayée par Korii.

Plus fort que le FBI

À partir de là, il suffit pour identifier un visage d’entrer une photo dans l’application élaborée par Clearview. En réponse, celle-ci va proposer une liste de visages similaires, ainsi que les pages Internet sur lesquelles ils ont été trouvés. En d’autres termes, le système est capable de fournir l’identité du visage en question.

Qui cela peut-il bien intéresser? Les forces de l’ordre évidemment. À titre de comparaison, la base de données du FBI rassemble ‘à peine’ 411 millions de visages. Clearview AI est donc une aubaine pour les départements de la police américaine. Environ 600 d’entre eux utilisent le système, selon la start-up. Car contrairement aux bases de données des forces de l’ordre, pas besoin d’avoir arrêté ou fiché pour figurer dans la sienne.

Cependant, l’efficacité du logiciel de Clearview n’a pas encore pu être mesurée par un organisme indépendant. Impossible à ce stade d’en connaitre les limites ou le taux d’erreur. Des erreurs qui peuvent avoir de graves conséquences puisque le système est appelé à être utilisé dans le cadre d’affaires criminelles.

Illégal?

La question de la légalité d’un tel système se pose bien évidemment. Clearview semble notamment violer les règles d’utilisation des réseaux sociaux. Mais Hoan Ton-That ne semble pas inquiet: ‘Tout le monde le fait, et Facebook le sait’, confie-t-il au New York Times.

Par ailleurs, le célèbre entrepreneur et investisseur, Peter Thiel, cofondateur de PayPal et patron de la société controversée Palentir, a investi dans Clearview AI et siège à son comité d’administration.

Enfin, la question du contrôle sur Clearview se pose également. Lors de son enquête, le journaliste du New York Times a demandé à un policier utilisant l’application d’y entrer sa photo en guise de test. Peu de temps, le représentant des forces de l’ordre était contacté par l’entreprise qui lui demandait s’il parlait à la presse…

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