La Catalogne veut statuer sur son indépendance. Quelles conséquences pour l’Europe ?

Carles Puigdemont, le président du gouvernement régional de la Catalogne, a annoncé que la région allait organiser un référendum sur son indépendance le 1er octobre prochain. Un tel référendum a été interdit par la Cour constitutionnelle espagnole, et les tensions entre Barcelone et Madrid ont été ravivées. En 2014, le gouvernement catalan mené par son président d’alors, Artur Mas, avait déjà demandé soumis la question de l’indépendance de la région à référendum en 2014. Mais ce référendum avait été déclaré illégal par la cour suprême espagnole, et Mas a été condamné à deux ans d’inéligibilité.

L’indépendance de la Catalogne signifierait la fin de l’Espagne

L’Espagne s’inquiète qu’au cas où les Catalans prendraient leur indépendance, les Basques, les Galiciens et une série d’autres Etats suivraient, après quoi l’Espagne ne se résumerait plus qu’à une collection de provinces distinctes, contrôlées de Madrid.

Le référendum ne serait pas représentatif

Le quotidien El Periódico de Catalunya souligne qu’un référendum n’aboutirait pas forcément à exprimer la volonté de l’ensemble des Catalans, en fondant son analyse sur les résultats d’un sondage récent.Ce dernier montre que les Catalans sont de moins en moins nombreux à souhaiter une indépendance de leur région (41,1 % contre 49,4 % qui soutiennent le maintien du rattachement de la région à l’Espagne). En revanche, la participation parmi les sécessionnistes serait bien supérieure à celle de ceux qui sont en faveur du maintien de la Catalogne dans l’Espagne, ce qui risque de biaiser les résultats d’un potentiel référendum.

L’émiettement de l’Europe ?

Dans un éditorial du Figaro intitulé «Divorce à l’espagnole», Arnaud de La Grange s’inquiète des velléités catalanes, et d’un possible émiettement de l’UE en une constellation de petits pays qui pourrait résulter de la sécession de multiples régions, après celle de la Catalogne :« Certes, on comprend l’idée des Catalans d’être un «Danemark du Sud». Mais l’Europe des 28 ou 27 a déjà du mal à peser sur la scène mondiale. Que serait son poids, si elle n’était plus composée que de quarante, cinquante Danemark ? Si, après les Écossais et les Catalans, Tyroliens, Wallons, Bavarois, Corses, Bretons et un chapelet de minorités d’Europe centrale étaient à leur tour emportés par une fièvre émancipatrice. »En effet, l’Espagne n’est pas une exception : il existe des mouvements nationalistes dans presque tous les pays de l’UE, à des degrés variables. En juin, Mouldin Economics avait dressé une carte des régions où l’on trouve des mouvements séparatistes actifs en Europe, et qui révélait que ceux-ci étaient assez nombreux.Mais au fond, ce que cette carte suggérait, c’est que l’UE n’est pas la seule à rencontrer des difficultés pour parvenir au consensus avec ses 28 (bientôt 27) Etats membres. Car dans chacun de ces États membres, on trouve aussi d’autres forces régionales actives, qui compliquent la capacité à former un consensus au niveau national. Et la Belgique est probablement l’un des meilleurs exemples de ce problème. La Grande-Bretagne également, où l’Ecosse et l’Irlande du Nord ont voté pour un séjour prolongé dans l’UE, tandis que les Anglais et les Gallois veulent en sortir.