La conférence annuelle des banquiers centraux s’est tenue à Jackson Hole, dans le Wyoming, aux États-Unis ces derniers jours. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a plaidé pour la fin de la dépendance internationale vis à vis du dollar américain. Il a parlé d’un « effet déstabilisateur » et a demandé à ses collègues internationaux de créer leur propre monnaie de réserve, à l’instar du Libra, la monnaie dont Facebook a annoncé la création.
La domination du dollar est actuellement aussi importante que lorsque l’on a mis fin à l’accord de Bretton Woods, a déclaré Carney. Sous le système de Bretton Woods, les pièces ont été indexées au cours de l’or jusqu’au début des années 1970. Mais entre-temps, l’économie mondiale a radicalement changé.
La moitié des paiements internationaux sont toujours facturés en dollars
Selon le Canadien, qui dirigeait auparavant la banque centrale de son pays, les économies émergentes représentent désormais 60 % des activités financières mondiales. Jusqu’en 2009, ce pourcentage n’était que d’à peine 45 %. Aujourd’hui encore, plus de la moitié des paiements internationaux sont facturés en dollars. Cela, en dépit du fait que les États-Unis eux-mêmes participent à peine à 10 % du commerce mondial et ne représentent que 15 % du PIB mondial.
Les fluctuations du dollar sont donc d’une importance fondamentale pour toutes les économies. Même si elles n’ont même pas de liens importants avec les États-Unis. Cela oblige ces pays à s’assurer contre les fluctuations du taux de change de leur monnaie contre le dollar. Ils doivent également économiser de l’argent pour compenser toute fuite de capitaux. Selon M. Carney, ce dysfonctionnement du système monétaire international contribue à la baisse des taux d’intérêt. Celles-ci, à leur tour, compliquent la tâche des banquiers centraux en cas de récession.
Carney pense également que les tensions dans le système financier sont la cause du protectionnisme et du populisme dans le monde.
Carney est un Canadien, qui est aussi un citoyen britannique et irlandais. Il quittera la Banque d’Angleterre en janvier, mais appelle maintenant à la création d’une monnaie électronique mondiale. Carney a fait valoir qu’à long terme, une « économie mondiale multipolaire » serait une meilleure solution que d’attendre que le renminbi chinois s’impose pour remplacer la monnaie américaine.
« Une monnaie hégémonique composite de type « Libra »
Il a parlé d’une « monnaie hégémonique composée », ce qui, selon lui, pourrait être réalisé « peut-être grâce à un réseau de monnaies numériques provenant des banques centrales ». Comme le Libra dont la crétion a été annoncée par Facebook. Cela pourrait consister en un panier de monnaies, ce qui signifie qu’un panier d’autres monnaies (euros, dollars, yens, livres, etc.) déterminera sa valeur. Un panier d’autres monnaies stables déterminerait alors la valeur de cette monnaie hégémonique.
Avant cela, les réserves du Fonds monétaire international (FMI) doivent être portées à 3 000 milliards de dollars. C’est trois fois plus que leur montant actuel. Idéalement, le coût de cette opération devrait être partagé entre les 189 États membres, a déclaré Carney.
Pour le moment, les collègues de Carney savent pas si ses idées sur une monnaie de réserve virtuelle sont la solution au problème. Toutefois, ils s’accordent avec lui pour dire que la domination mondiale du dollar américain est devenue un problème.