L’industrie automobile est confrontée à de profonds changements. L’un d’eux est le passage aux voitures électriques et la montée en puissance des constructeurs chinois à l’échelle mondiale. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, qualifie ces changements de « brutaux » et note que nous « déroulons le tapis rouge » pour les véhicules électriques chinois.
Carlos Tavares (Stellantis) : « Nous déroulons le tapis rouge pour les voitures électriques chinoises, qui sont 20 à 25 % moins chères que les nôtres »
Pourquoi est-ce important ?
Les constructeurs automobiles chinois ont pris les devants et arrivent en Europe avec des avantages concurrentiels et de l'ambition. Tout en s'élevant contre le protectionnisme, M. Tavares reconnaît que la concurrence sera rude, en particulier en Europe.Dans l’actualité : Dans une interview accordée au journal français Le Figaro, Carlos Tavares, patron de Stellantis, déclare que dans le domaine des véhicules électriques, l’Europe a ouvert grand la porte à la concurrence chinoise. Stellantis regroupe plusieurs marques, dont Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati, Opel et Peugeot.
« Des changements brutaux en un clin d’œil
- Les changements que connaît le marché dans un délai très court sont « brutaux », selon le Portugais.
- L’industrie doit passer d’une technologie optimisée et perfectionnée depuis plus d’un siècle à une technologie qui n’en est qu’à ses balbutiements.
- « Il y a deux semaines, nous avons organisé un séminaire avec nos ingénieurs au cours duquel nous avons démonté un certain nombre de voitures électriques actuellement sur le marché. Conclusion : la technologie n’est pas encore mûre. Rien n’a été optimisé. C’est la réalité à laquelle nous devons faire face sobrement », a-t-il déclaré.
Les VE chinoises 20 à 25 % moins chères
Zoom sur la situation : Les constructeurs automobiles chinois ont pris de l’avance et arrivent en Europe avec des avantages concurrentiels et de l’ambition.
- Tavares estime que les coûts des constructeurs chinois sont inférieurs de 20 à 25 % à ceux des constructeurs européens. Selon lui, les subventions seules ne sont pas une solution adéquate pour compenser la différence de compétitivité entre Stellantis et les VE chinoises.
- L’homme insiste sur le fait qu’il n’est pas favorable au protectionnisme et que Stellantis doit concourir à l’échelle mondiale.
« Demandons-nous à Musk ou à BYD de produire leurs voitures ici ? »
Zoom arrière : Tavares souligne que l’Europe doit penser stratégiquement. L’Occident devrait mettre en commun ses atouts au lieu de se diviser et de poursuivre le protectionnisme.
- Il est important de fournir une solution de mobilité électrique abordable pour la classe moyenne, où le prix de vente est crucial.
- Toutefois, il a qualifié d’impossible la demande de Macron d’une production rentable de petites voitures électriques en France. Et ce, compte tenu de l’écart de coût compétitif.
- En 2022, Macron a annoncé un programme de soutien de plus de 8 milliards d’euros pour l’industrie automobile nationale. Cela devrait encourager les constructeurs à rapatrier leurs usines en France.
- Tavares trouve tout cela très cynique : « D’ailleurs, demande-t-on à Elon Musk ou à BYD de produire des voitures du segment B en France ? Quel paradoxe d’applaudir les nouveaux acteurs, tout en demandant à ceux qui ont contribué à la prospérité collective depuis plus d’un siècle de faire des exercices très difficiles – y compris sur les questions sociales ! »
(JM)