Le Cambodge approuve un amendement constitutionnel autorisant la révocation de la citoyenneté


Principaux renseignements

  • Les législateurs cambodgiens ont approuvé un amendement constitutionnel qui autorise la révocation de la citoyenneté.
  • Les défenseurs des droits de l’homme craignent que cet amendement ne réduise au silence les dissidents et ne cible les détracteurs du gouvernement.
  • Cet amendement intervient dans un contexte d’intensification des mesures de répression à l’encontre des opposants au Cambodge.

Les législateurs cambodgiens ont approuvé à l’unanimité un amendement constitutionnel vendredi, ouvrant la voie à une éventuelle déchéance de nationalité pour les personnes accusées de collusion avec des entités étrangères. Cette mesure a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits de l’homme, qui craignent qu’elle ne soit utilisée pour faire taire les dissidents et cibler les détracteurs du gouvernement. L’AFP rapporte cette information.

Avant l’amendement, la constitution protégeait explicitement les citoyens cambodgiens contre la privation de leur nationalité, l’exil ou l’extradition sans accord mutuel entre les pays. Le texte révisé stipule désormais que « l’obtention, la perte et la révocation de la nationalité khmère sont déterminées par la loi ». Cela ouvre la voie à une nouvelle législation autorisant le retrait de la nationalité.

L’impact potentiel de l’amendement

Le ministre de la justice, Koeut Rith, a expliqué que l’amendement permettrait aux autorités de promulguer des lois visant les individus qui trahissent la nation en collaborant avec des puissances étrangères contre les intérêts du Cambodge. Il a souligné que les personnes reconnues coupables de trahison en subiraient les conséquences, déclarant : « Si vous trahissez la nation, la nation ne vous gardera pas. »

Toutefois, les groupes de défense des droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme, craignant qu’une telle loi ne soit utilisée comme arme contre les opposants politiques et les critiques. Amnesty International a condamné l’amendement en le qualifiant de « violation odieuse du droit international ». L’organisation a prévenu que cette loi permettrait au gouvernement cambodgien de rendre des personnes apatrides en les privant de leur citoyenneté.

Une histoire de lois draconiennes

L’ancien premier ministre Hun Sen, une personnalité influente, a encouragé la modification de la constitution. Il a demandé que des mesures soient prises pour punir les Cambodgiens qui « se rangent du côté des nations étrangères pour nuire à notre pays ». Cet appel a été lancé dans le cadre d’un conflit frontalier avec la Thaïlande et de critiques émanant de membres de l’opposition en exil.

Le ministre Koeut Rith a tenté de tempérer les inquiétudes. Selon lui, les opposants qui ne sont pas coupables de trahison ne risquent pas de perdre leur nationalité. Néanmoins, les craintes persistent parmi les organisations de défense des droits de l’homme. Le gouvernement cambodgien a déjà eu recours à plusieurs reprises à des lois draconiennes à l’encontre d’opposants politiques, ce qui renforce les craintes d’abus éventuels.

La répression de l’opposition se poursuit

Cet amendement intervient dans un contexte d’intensification de la répression à l’encontre des personnalités de l’opposition au Cambodge. Le chef de l’opposition, Kem Sokha, a été condamné à 27 ans de prison pour trahison, une accusation qu’il nie fermement. Les procès en cours et la détention de nombreux militants de l’opposition soulignent la tendance inquiétante à la réduction de l’espace politique au Cambodge.

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