Brexit : Quand la tâche est impossible, on la confie à une femme

Il faut rendre hommage à Theresa May. Quoi que l’on pense de son bilan, sa persévérance et son courage remarquable sont une caractéristique féminine par excellence. Et tant pis pour ceux à qui cela porte ombrage.

À peine 24 heures après que le 10, Downing Street avait annoncé son accord avec l’UE sur un projet d’accord sur le Brexit, le gouvernement de May comptait déjà 6 membres de moins. Outre le négociateur du Brexit, Dominic Raab, trois autres ministres et 2 secrétaires d’État sont également partis. 

Le député eurosceptique Jacob Rees-Mogg, un membre du parti de May, a depuis déposé une motion de censure contre la Première ministre. Si 15 % des membres conservateurs en font autant, un vote pourrait avoir lieu, à la suite duquel sa carrière politique prendrait probablement fin.

May a répété lors d’une conférence de presse jeudi que le Royaume-Uni quitterait de toute façon l’Union européenne en mars 2019. Elle ne veut rien savoir concernant un potentiel deuxième référendum sur le Brexit. La Première ministre britannique a également déclaré qu’elle souhaitait protéger les emplois et que l’accord proposé bénéficiait à la fois au Royaume-Uni et à l’Union européenne.

La persévérance et le courage inhabituel sont une caractéristique féminine

Néanmoins, il faut rendre hommage à Theresa May. Quoi que l’on pense de son bilan, sa persévérance et son courage remarquable sont une caractéristique féminine. Et tant pis pour ceux à qui cela porte ombrage.

Récapitulons : Theresa May arrive au pouvoir en juillet 2016 – peu après le référendum sur le Brexit – après la démission de David Cameron, l’auteur du référendum, et depuis cette date, Boris Johnson et Nigel Farage, les deux hommes qui ont forcé de résultat –  souvent sur la base de fausses informations – , on essentiellement occupé leurs journées à critiquer May. Remarquable : à part May, il y avait un autre candidat pour cette tâche infernale : Andrea Leadsom, une autre femme, non sans hasard.

Farage a depuis abandonné son parti UKIP et s’en est allé chercher refuge auprès de Donald Trump et de Fox News. Johnson a quant à lui été nommé ministre des Affaires étrangères par May, mais a entre-temps démissionné pour mieux coordonner le sabotage de May au sein de son propre parti.

© EPA

Pas de «plafond de verre», mais une «falaise de verre»

Theresa May devient ainsi l’exemple parfait du sort qui attend de nombreuses femmes en position de force. Elle ne se heurte pas au plafond de verre, mais est poussée au bord de la falaise de verre. Pas moins de 3 études universitaires (dont l’une menée par l’Université de Harvard) concluent que plus une entreprise est en difficulté, plus on a tendance à y mettre une femme à la barre. Les études montrent que lorsque la performance boursière a décliné au cours des cinq mois précédant la nomination d’un nouveau PDG, c’est une femme qui est plus susceptible de se voir confier ce poste.

Le monde des affaires ne pardonne pas aux femmes

En conséquence, les femmes relèvent souvent des défis auxquels les hommes préfèrent renoncer. May n’est certainement pas une exception à cette règle. En outre, le monde des affaires est également peu enclin à se montrer indulgent à l’égard de ces mêmes femmes. Les recherches menées par Stratégy& ont montré qu’entre 2004 et 2013, 38 % des CEO femmes avaient été limogées des 2 500 plus grandes sociétés cotées au monde, contre 27% des CEO hommes. À peine cinq pour cent des plus grandes entreprises du monde ont un CEO femme, mais les risques d’une démission forcée sont donc nettement plus élevés pour elles que pour leurs homologues masculins. 

Bonus I

– Les  femmes ont un rendement supérieur à la moyenne (rendement de 340 % (ligne bleue) contre 122 % en moyenne dans les sociétés du S & P 500).

Bonus II

– Si vous voulez comprendre ce qu’il en est réellement du Brexit, la vidéo ci-dessous peut vous expliquer ce qui échappe encore à la plupart d’entre nous.

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