Le Royaume-Uni se prépare de plus en plus activement à faire face à la situation d’un « no-deal Brexit » c’est-à-dire d’un Brexit sans accord. Dans ce contexte, le ministère des Transports britannique a confirmé jeudi que des travaux avaient débuté cette semaine pour transformer une portion d’autoroute du sud-est de l’Angleterre en parking géant.
Ce projet répond à la nécessité de gérer les énormes retards que les transporteurs routiers devront subir au port de Douvres, compte tenu du rétablissement des contrôles aux frontières.
Une vaste zone d’attente pour les camions
Le projet, présenté par le ministre des Transports Chris Grayling, lui-même un tenant du Brexit, prévoit d’adapter une portion de l’autoroute M26, la rocade qui contourne Londres, située dans la région du Kent, en vaste zone d’attente pour des centaines de camions. Le ministère des Transports cherche à éviter qu’ils encombrent le trafic routier des autres axes. «Le travail consiste à installer des points de croisement dans la réserve centrale qui pourront être utilisés pour diriger le trafic sur la chaussée opposée. Ils sont courants sur les autoroutes et les principales routes du pays et nous aident à gérer le trafic lors d’incidents.
Ce projet n’est pas si étonnant, compte tenu d’un rapport concernant le port de Douvres publié en 2017, qui avertissait que 2 minutes de contrôle supplémentaire sur chaque camion dans la ville portuaire anglaise pourraient se solder par environ 27 km de bouchons.
Des travaux sur l’autoroute M20 voisine ont également été lancés, afin de créer une voie de circulation à contournement qui devrait permettre de maintenir le trafic en cas de problème. Initialement, les ministres avaient indiqué que ce chantier, surnommé “Opération Brock”, n’avait rien à voir avec le Brexit. Mais en juillet, un rapport du conseil du comté de Kent a révélé que le nom “Brock” était en fait un acronyme formé avec l’expression “Brexit Operations Across Kent” («Opérations liées aux Brexit dans le Kent»).
Au mois d’août, des patrons d’entreprises du transport routier qui avaient rencontré M. Grayling, pour préparer le brexit avaient été frappés par l’impréparation de son ministère. Il semble donc que le ministre ait tenu compte de leur inquiétude.
Theresa May menacée de perdre le pouvoir
Jusqu’à présent, les négociations sur le Brexit ont toujours achoppé sur la question de la frontière en Irlande du Nord. Néanmoins, récemment, Michel Barnier, le principal négociateur de l’UE, a suggéré qu’un accord était en vue, et a laissé entendre qu’il était question d’«éliminer» la plupart des contrôles aux frontières après le Brexit.
Mais cette semaine, il a rencontré Arlene Foster, qui dirige le DUP, le parti des unionistes de l’Irlande du Nord. Ce parti s’est allié aux Tories de Theresa May, et participe à la coalition au pouvoir au Royaume Uni. Cette rencontre visait à préciser la teneur de la proposition en cours de négociation. Même si elle exclut le rétablissement de postes frontières à proprement parler, cette proposition prévoit d’instituer des contrôles sur les produits agro-alimentaires circulant entre l’Irlande du Nord et le reste de la Grande-Bretagne. Cette perspective a irrité le DUP, qui souhaite qu’il n’y en ait aucun.
Le parti nord-irlandais a donc brandi la menace de retirer son soutien à la Première ministre britannique Theresa May au cas où elle signerait un accord avec l’Union Européenne qui ne le satisferait pas.
Or, le gouvernement de May a désespérément besoin du soutien des députés DUP pour conserver sa majorité au Parlement britannique, et faire passer sa proposition de budget ce mois-ci. Un retrait du soutien du DUP implique donc rien de moins que la fin de son gouvernement.