Au cœur de l’actualité, ce matin : le nouveau bon d’État. En temps normal, le gouvernement fédéral en émet quatre fois par an. Mais cette nouvelle émission était particulièrement attendue
- Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) avait réussi à faire du dernier bon d’État un véritable outil de campagne pour concurrencer les banques sur le livret d’épargne classiques.
- Le ministre avait misé sur une durée extrêmement courte (un an) assortie d’un taux d’intérêt intéressant. Et surtout sur une réduction des impôts à payer sur les bénéfices, le fameux « précompte mobilier ». Ainsi, Van Peteghem avait finalement pu proposer un rendement net de 2,81%. Et cela avait effectivement déplacé de l’argent : environ 8 milliards d’euros étaient nécessaires au gouvernement, mais il en avait récolté 22 d’un seul coup. Ils provenaient en grande partie des comptes d’épargne.
- La réaction a été aussi positive qu’immédiate : Van Peteghem, qui avait auparavant eu une carrière plutôt grise en tant que ministre, a progressé considérablement dans les sondages. Un nouveau bon d’État, annoncé la semaine dernière par le ministre, a immédiatement suscité un débat en interne au sein de la Vivaldi.
- Tout le monde attendait donc la nouvelle émission : après le succès retentissant de l’édition précédente, allait-on assister à un nouveau « coup » de ce genre ? Ce n’est pas le cas : Van Peteghem a annoncé lui-même que les nouveaux bons d’État auront une échéance de 5 à 8 ans et qu’il n’y aura pas non plus de réduction du précompte mobilier. Celui-ci s’élèvera à 30%, le taux normal.
Discussion évitée
- Cette annonce évite une discussion embarrassante au sein de Vivaldi. Car à gauche, les Verts et les socialistes avaient été agacés par le « cadeau fiscal » qui avait été fait à travers la réduction du précompte mobilier. Les chiffres des banques ont montré que ce sont surtout les plus riches, ceux qui possèdent plus de 250.000 euros, qui ont souscrit en masse aux bons d’État.
- Cela aurait eu beaucoup moins d’effet auprès des petits épargnants. Ce qu’on réfute du côté du CD&V : s’il y a eu tant de souscriptions, ce ne serait certainement pas seulement du fait des plus riches, mais aussi de presque toute la classe moyenne.
- Pour les Socialistes et les Verts, ce n’était pas une opération qui méritait d’être répétée. Groen et Vooruit l’avaient déjà dit au Parlement. Ils souhaitaient avant tout un véritable cadre juridique pour faire pression sur les banques afin qu’elles fournissent un rendement minimum obligatoire par rapport aux taux pratiqués par la BCE. Mais cela ne plaisait pas du tout aux libéraux et au CD&V au sein de la coalition.
- A droite, on n’était pas non plus très enthousiasmé par un nouveau bon d’État similaire. Le MR avait subtilement souligné que le « coup » de Van Peteghem avait causé des problèmes à un certain nombre de petites caisses d’épargne. Et beaucoup trop d’argent avait été collecté.
- Mais l’argument le plus important, pour le kern, émanait de l’Agence de la dette. Elle qui doit évaluer les bons d’État avait indiqué que le court terme n’était pas la meilleure option cette fois-ci. Van Peteghem s’est donc résolu à l’écouter.
(JM)