Emily O’Reily, la médiatrice de l’UE, a dénoncé ce mercredi 25 novembre l’attribution par la Commission européenne d’un contrat au géant BlackRock pour la réalisation d’une étude sur la finance durable. Selon elle, la Commission européenne et son vice-président éxecutif Valdis Dombrovskis, n’ont pas correctement évalué un risque de conflits d’intérêts
De quoi s’agit-il ? Le contrat qui fait l’objet de tant de critiques porte sur une mission d’évaluation en vue d’incorporer des facteurs sociaux et environnementaux dans la législation, conformément aux objectifs du Green Deal, dont le but est notamment d’encadrer les investissements durables.
BlackRock, qui pèse environ 7.300 milliards de dollars et qui est aussi l’actionnaire de géants pétroliers, ambitionne de devenir un leader dans les investissements durables et responsables.
En avril dernier, plus de 80 eurodéputés, surpris que l’entreprise, non-européenne soit en charge de cette mission, avaient déjà réclamé une enquête.
Ils avaient également souligné que le prix de l’offre, proposé par BlackRock, était particulièrement bas (280.000 euros, alors que le montant estimé était le double). Les parlementaires avaient alors été interpellés, se demandant si l’offre n’avait pas été volontairement basse pour peser dans le processus décisionnel.
Une offre particulièrement basse
Une enquête a été ouverte en juillet dernier. Cette après-midi, Emily 0’Reilly a rendu ses conclusions. D’après la médiatrice, en choisissant de travailler avec BlackRock Investment Management, l’exécutif européen aurait ‘dû faire preuve de bien davantage de rigueur’, a-t-elle déclaré ce mercredi.
‘Il existe des inquiétudes légitimes autour du risque de conflits d’intérêts (…) l’entreprise ayant manifestement un intérêt dans le développement des futures réglementations de l’UE qui auront un impact direct pour elle et ses clients’,a-t-elle ajouté.
Selon la médiatrice, ‘en proposant une offre moitié moins chère que la valeur maximale estimée, BlackRock optimisait ses chances de décrocher le contrat (…) le remporter pouvait lui permettre de se faire une idée (des futures réglementations) et d’exercer une influence sur un segment d’investissement en plein essor’ a-t-elle déclaré.
De leur côté, la Commission et BlackRock nient ses allégations : le porte-parole de la Commision a déclaré que le rapport n’avait ‘pas identifié d’acte de mauvaise administration’ et que toutes les règles avaient été appliquées ‘à la lettre’. L’entreprise BlackRock, elle, déclare n’avoir été retenue pour ce projet que pour la ‘qualité technique’ de sa proposition.