Bitcoin ou lutte contre le réchauffement climatique, il faut choisir

On parle beaucoup ces dernières semaines du bitcoin, la monnaie numérique qui affole les marchés : le weekend dernier, la valeur d’un bitcoin a passé le cap des 18 500 dollars (en début d’année, elle était de 1000 dollars).

On parle beaucoup ces dernières semaines du bitcoin, la monnaie numérique qui affole les marchés : le weekend dernier, la valeur d’un bitcoin a passé le cap des 18 500 dollars (en début d’année, elle était de 1000 dollars).

Si le bitcoin attire les spéculateurs, il n’a pas été pensé pour être un instrument d’investissement : l’objectif de ses créateurs était de remplacer l’argent physique par une méthode sécurisée, décentralisée et anonyme de transfert de valeur. Le problème qu’ils n’avaient peut-être pas anticipé, c’est que l’essor phénoménal des crypto-monnaies se traduirait par une consommation accrue d’énergie dans le monde.En effet, cette méthode repose sur des problèmes mathématiques que des ordinateurs doivent résoudre pour faire du bitcoin (le « minage »). Comme ces problèmes sont de plus en plus complexes, les « mineurs » doivent s’équiper en machines toujours plus performantes… et énergivores.Actuellement, chaque transaction en bitcoin consomme autant d’énergie que 9 foyers américains pendant une journée. Sur une année, l’énergie totale consommée par ce réseau informatique est estimée à 31 térawatts-heures. C’est énorme : plus de 150 pays consomment moins annuellement.

Le pillage des installations électriques

Un tel appétit risque de cannibaliser les réseaux électriques tout autour du monde, aux dépens des foyers et des stations de chargement de véhicules, par exemple. Et ce phénomène a déjà débuté. Au Venezuela, la pauvreté incite à se tourner vers le minage, d’autant que l’électricité est largement subventionnée. En conséquence, on assiste déjà à des pannes de courant dans le pays directement liées à ces activités. En Chine, là où se trouvent les plus grandes fermes de minage, l’électricité issue des barrages, l’une des sources les plus propres et les plus économiques, est pillée. Le propriétaire d’une voiture électrique Tesla a même eu l’idée d’y installer une station de minage, pour utiliser l’électricité gratuite des stations de chargement publiques.

Une progression insoutenable

Avec leur empreinte écologique de plus en plus lourde, les crypto-monnaies entravent les efforts en vue d’une sortie des énergies fossiles. Dans seulement quelques mois, l’énergie nécessaire pour alimenter le réseau et les transactions va dépasser les capacités actuelles. D’ici 2019, le réseau bitcoin nécessitera plus d’électricité que l’ensemble des Etats-Unis n’en utilise. D’ici 2020, sa consommation atteindra celle du monde entier d’aujourd’hui. Cette trajectoire insoutenable signifie sur le long terme une catastrophe pour l’environnement.