La Banque Mondiale vient de lancer une émission obligataire qui a permis de collecter 425 millions de dollars pour parer à une éventuelle nouvelle pandémie comme celle de l’Ebola, rapporte The Economist. C’est la première fois qu’une émission d’obligations destinées à couvrir un risque de pandémie est lancée. L’établissement financier estime en effet que la probabilité qu’une nouvelle épidémie de cette échelle apparaisse dans les 10 à 15 prochaines années est très grande. Les obligations sont destinées à soutenir le PEF (Pandemic emergency financing facility), un dispositif créé en 2015 voué à collecter et transférer des fonds à destination des pays confrontés à une pandémie. Elles couvrent 6 virus susceptibles de déclencher une pandémie : les virus de la grippe, les coronavirus (dont le SRAS et le MERS), les filovirus (Ebola), et d’autres types de fièvre (fièvre de la vallée du Rift, fièvre de Lassa, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo). Les fonds collectés pourraient contribuer à aider 77 des pays les plus pauvres du monde.En cas de déclenchement d’une pandémie et de franchissement d’un certain niveau de contagion, les investisseurs devraient renoncer aux fonds qu’ils ont ainsi prêtés. Ainsi, ces obligations fonctionnent un peu comme une police d’assurance, sur base de ce qui existe déjà au travers des Catastrophe bonds, qui permettent de couvrir les dégâts causés par les ouragans et les tremblements de terre selon le même principe.Malgré ce risque, le coupon de 6,5 % de ces obligations en a fait un produit recherché, et l’émission a remporté un franc succès, puisqu’elle a été souscrite à 200 %.
Eviter une nouvelle hécatombe
Il aura fallu des mois pour lever les fonds nécessaires à la lutte contre le virus Ebola après son apparition en Afrique de l’Ouest en 2014. 7 milliards de dollars de promesses de dons ont été recueillis, mais ils sont arrivés bien trop tard pour empêcher l’hécatombe. De nombreuses personnes qui auraient pu être sauvées sont finalement décédées. Et selon la Banque Mondiale, la pandémie est à l’origine d’une contraction du PIB en Guinée, au Libéria et au Sierra Leone de l’ordre de 2,8 milliards d’euros.En moyenne, les pandémies « modérément graves à graves » coûtent 570 milliards de dollars par an, soit 0,7 % du PIB mondial. Une pandémie aussi grave que la grippe espagnole de 1918 pourrait même provoquer une contraction du PIB mondial de l’ordre de 5 %.