Peut-on fermer l’Europe à tous les Russes, sans exception ? A l’est, l’idée fait son chemin : si une telle mesure est d’abord réclamée par le gouvernement ukrainien, la Finlande, de même que les pays baltes, la défendent aussi. Mais le chancelier allemand la trouve contre-productive.
Pour ses partisans, la suspension de l’octroi de visas touristiques aux citoyens russes rendrait les sanctions bien plus concrètes pour beaucoup d’entre eux. La Première ministre finlandaise, Sanna Marin, estime ainsi qu’il n’est « pas normal que, pendant que la Russie mène une guerre d’agression brutale en Europe, les Russes puissent vivre une vie normale, voyager en Europe, être des touristes. »
« Beaucoup de gens fuient la Russie »
Une sanction donc plus vexatoire que réellement destinée à faire plier le gouvernement russe, estime le chancelier allemand Olaf Scholz. « Ce n’est pas la guerre du peuple russe, mais c’est la guerre de Poutine », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse ce lundi à Oslo, rapporte Politico. Il est important pour nous de comprendre qu’il y a beaucoup de gens qui fuient la Russie, parce qu’ils sont en désaccord avec le régime russe. »
Lors de la même conférence de presse, les Premiers ministres finlandais et danois, Sanna Marin et Mette Frederiksen, ont déclaré qu’une interdiction de visa devrait être discutée au niveau de l’UE. La Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, a déclaré que son gouvernement n’avait pas encore pris de décision sur la question.
La Finlande, terre de transit
La Finlande fait face à un afflux massif de ressortissants russe. Si, au début de la guerre, beaucoup semblaient vouloir fuir leur pays, depuis qu’Helsinki a levé ses dernières restrictions liées au Covid-19 le mois dernier, il s’agit plutôt de touristes. La Finlande a vu arriver 185.000 Russes en juillet, et craint de servir de pays de transit. Ceux-ci peuvent en effet rejoindre le pays en voiture, puis prendre l’avion vers une autre destination européenne.
Jeudi dernier, la Lettonie a annoncé qu’elle refuserait l’entrée à son territoire à tout Russe auquel elle aurait déjà accordé un visa touristique au préalable. Une mesure forte, mais qui reste très localisée : un pays de l’UE est tenu de laisser passer tout détenteur d’un visa octroyé par un autre pays de l’Union, au nom de la libre circulation des personnes.
C’est donc au niveau de l’UE que doit se prendre une mesure véritablement impactante envers les Russes. Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, a déclaré la semaine dernière qu’il souhaitait soulever la question lors de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères qui se tiendra à Prague à la fin du mois d’août.