La fuite détectée dimanche dernier sur le gazoduc reliant la Finlande et l’Estonie a probablement été causée par une « activité extérieure ». De quoi laisser craindre un acte hostile de la part d’un autre pays. Et en Baltique, il y a un coupable tout désigné, qu’on sait très intéressé par les infrastructures énergétiques européennes.
Balticconnector : si le sabotage est avéré, l’OTAN sera prête à répondre

Pourquoi est-ce important ?
Alors que ça ne fait pas un an que la Finlande a rejoint l'OTAN, voilà la république nordique confrontée à ce qui pourrait bien être sa première crise internationale. Le président du pays a déclaré que les dommages causés au gazoduc et au câble de communication parallèle semblaient bien intentionnels. S'il s'agit bien d'un sabotage, il pourrait être qualifié en acte de guerre. De quoi activer l'Alliance.Ce que l’on sait : Les dégâts sur le gazoduc Balticconnector et le câble de télécommunication ont été confirmés mardi par l’opérateur finlandais Gasgrid.
Sabotage ou accident ?
- Les premières observations confirment que des « marques externes » avaient été trouvées sur le fond marin à côté du gazoduc endommagé. En outre, celui-ci n’a pas été victime d’une explosion, mais il semble plutôt que les dégâts aient été causés par « une force mécanique ».
- Les services de sécurités finlandais n’excluent pas l’acte d’un « acteur étatique« . Comprendre : un autre pays, ou du moins un service qui fait partie de l’appareil militaire ou du renseignement d’un autre pays.
- Cela dit, la thèse de l’accident reste possible. Une ancre dérivante peut avoir arraché le câble. Ce qui peut aussi être intentionnel. Quoi qu’il en soit, les Finlandais ont ajouté qu’ils étudiaient le trafic maritime des derniers jours pour tenter d’identifier un ou plusieurs navires suspects.
- On notera au passage que l’ancien président ukrainien Petro Porochenko charge déjà la Russie. Il estime que Poutine veut provoquer une nouvelle crise énergétique en Europe à l’approche de l’hiver. Mais le même Porochenko accuse aussi Moscou d’être derrière l’attaque du Hamas contre Israël. Pour les mêmes raisons et avec l’aide de vétérans de Wagner qui étaient présents en Syrie.
Tous les regards vers Moscou
Bien sûr, tous les regards se sont tournés vers la Russie, avec le précédent de Nord Stream en tête. Même si on n’a jamais pu prouver que Moscou avait sabordé son propre gazoduc. La piste d’une cellule ukrainienne ayant pris une initiative hors du contrôle de Kiev reste envisagée. Mais s’attaquer à une infrastructure qui relie deux pays de l’OTAN, ça n’aurait aucun sens de la part d’un pays qui espère un jour y rentrer. Reste donc l’hypothèse russe, si le sabotage est avéré.
- Du côté de l’OTAN, on se déclare prêt à adopter une « réponse déterminée » s’il s’agissait bien d’un acte hostile.
- Le sujet sera abordé lors de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN ce jeudi à Bruxelles, rapporte Euractiv. « Nous savons que l’infrastructure est vulnérable et doit être mieux protégée » a lâché le ministre finlandais de la Défense, Antti Hakkanen.
La chose importante maintenant est de déterminer ce qui s’est passé et comment cela a pu se produire. Si cela s’avère être une attaque délibérée contre une infrastructure critique de l’OTAN, ce sera, bien sûr, grave, mais cela sera également rencontré par une réponse unie et déterminée de l’OTAN. »
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN