Dans la ville ukrainienne et ses environs, les combats continuent de faire rage. Du côté russe, ce sont surtout les mercenaires de la milice privée Wagner Group qui meurent en masse. « Bon débarras », juge le Kremlin.
L’essentiel : le fait que Wagner perde chaque jour des centaines de soldats fait sourire jusqu’au Kremlin.
- Les principaux officiers de Moscou n’ont plus grand-chose à faire de ces mercenaires, principalement des vétérans des forces armées russes ou du service de renseignement militaire, auxquels s’ajoutent des prisonniers graciés, et encore moins de leur patron, Evgueni Prigojine. Ce dernier lance de temps à autre un nouveau message vidéo via sa chaîne Telegram, généralement adressé aux hauts gradés de l’armée russe. Il les accuse de ne pas envoyer suffisamment de munitions et de matériel à son armée privée, et donc de l’empêcher de remporter les succès escomptés.
- Mais cela semble faire partie de la stratégie du Kremlin. Prigojine commence à se mêler trop de politique et Vladimir Poutine craint qu’il ne devienne un adversaire lors des prochaines élections présidentielles. Le fait que le groupe Wagner subisse alors des centaines de morts par jour, afin d’ouvrir la voie aux forces russes elles-mêmes, lui convient donc particulièrement bien. Leur fournir toutes les munitions nécessaires ne ferait que garantir le succès de la milice, ce qui n’est pas le but recherché par le pouvoir en place.
- En outre, Prigojine jette de l’huile sur le feu, ce qui pourrait bien lui revenir dans la figure comme un boomerang. Il a par exemple lancé un message vidéo dans lequel il aspire en quelque sorte à la présidence de l’Ukraine. « Je fais mon coming-out politique. J’ai des ambitions politiques. J’ai décidé de me présenter à la présidence de l’Ukraine en 2024. Si je gagne les élections, tout ira bien, nous n’aurons plus besoin d’obus d’artillerie », a-t-il lâché.
- Depuis la Russie, cette vidéo semble être l’impulsion pour provoquer le discrédit de Prigojine. Alexey Mukhin, un politologue que l’on voit souvent dans les médias d’État russes, a fourni quelques explications sur sa chaîne Telegram : « Comme Prigojine s’est déclaré commandant du groupe de mercenaires, il a une influence directe sur la planification et la direction des troupes au combat. »
- Mukhin précise également que si cette candidature à l’élection présidentielle se voulait manifestement sarcastique, ce n’est pas la perception qu’en aura le peuple russe. Tout le monde sait que le Kremlin paie le déploiement du groupe Wagner et les munitions, et que le « sciage » de Prigojine l’éloigne des autres commandants de l’armée russe. La réputation de Prigojine, soupçonné d’avoir des ambitions politiques en Russie même, est ainsi traînée dans la boue.
La situation : C’est autour de Bakhmout que les combats font le plus rage.
- Le week-end dernier a été marqué par deux journées particulièrement sanglantes, la Russie ayant perdu plus d’un millier de soldats samedi, du moins selon les chiffres ukrainiens. Le vrai bilan est probablement inférieur, mais il est révélateur de l’évolution des combats.
- Bonne nouvelle pour l’Ukraine : l’encerclement imminent de la ville ne semble pas encore avoir eu lieu. L’armée ukrainienne aurait même envoyé des troupes supplémentaires vers la ville pour mener une contre-attaque sur ses flancs. L’armée russe se trouve à quelques centaines de mètres de la T0504, la seule grande route menant à Bakhmout encore aux mains des Ukrainiens.
- Dans le même temps, le groupe Wagner lance des assauts frontaux sur la ville. La moitié de celle-ci est déjà aux mains des Russes, jusqu’aux rives de la rivière Bakhutka. La traversée est particulièrement difficile, l’armée ukrainienne ayant fait sauter les ponts.
MB