Les femmes qui avortent peuvent compter sur une législation plus souple en Arabie saoudite et en Algérie que dans les États américains de l’Alabama et de la Géorgie. C’est ce qui ressort des recherches menées par l’Institut Guttmacher, qui promeut la santé sexuelle et reproductive.
Dans 28 États des États-Unis, des projets de loi visant à durcir les peines pour l’avortement sont en cours d’adoption. Dans les États de l’Alabama et de la Géorgie, ces propositions sont les plus avancées et ont déjà été adoptées. Ces lois prévoient une interdiction totale de l’avortement, même en cas de viol ou d’inceste, et lorsque la vie de la mère est en danger. Les médecins pratiquant un avortement risquent une peine de 99 ans d’emprisonnement.
Roe contre Wade
Des procédures ont été engagées, qui devraint obliger la Cour suprême des États-Unis à se prononcer à nouveau sur l’affaire « Roe contre. Wade ». En 1973, la Cour suprême a jugé que la plupart des lois interdisant ou limitant la pratique de l’avortement étaient inconstitutionnelles. Selon l’arrêt, le «droit à l’avortement» est inscrit dans le «droit à la vie privée» constitutionnel.
Mais la récente nomination du juge conservateur Brett Kavanaugh à la Cour suprême a donné aux conservateurs américains l’espoir que « Roe contre Wade » pouvait encore être annulé.
Les conservateurs américains se montrent maintenant plus sévères en matière d’avortement que de nombreux pays musulmans, concluent les chercheurs du Guttmacher Institute. « Nous voyons moins de volonté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de punir l’avortement plus sévèrement qu’aux États-Unis. »
Dans l’islam, par exemple, la santé des femmes est prioritaire sur celle du fœtus. C’est ce que dit Sherine Hamdy, qui enseigne l’éthique musulmane à l’Université de Californie.
L’interdiction totale d’avortement n’existe dans aucun pays du Moyen-Orient.
C’est ce qui ressort des données des Nations unies et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans environ la moitié de ces pays, l’avortement n’est autorisé que lorsque la vie d’une femme est en danger. C’est le cas en Iran, en Syrie, en Irak et dans les territoires palestiniens. Mais dans 10 autres pays musulmans, la législation est plus souple que celle qui est en cours d’élaboration aux États-Unis.
La Tunisie et la Turquie en première ligne
La Tunisie et la Turquie sont les pays les plus avancés dans la libéralisation de l’avortement. Les femmes peuvent officiellement se faire avorter gratuitement au cours des trois premiers mois de leur grossesse. En Tunisie, une femme n’a même pas besoin d’être mariée. Si c’est le cas, l’intervention n’exige pas le consentement du mari.
La Tunisie, mais aussi la Turquie, l’Algérie, le Bahreïn et le Maroc, contrairement à l’Alabama, la Géorgie et le Missouri, ont prévu des exceptions dans leurs lois pour les femmes qui veulent avorter à la suite d’un viol ou d’un inceste.
Même en Arabie saoudite, un pays pourtant extrêmement conservateur et où les droits des femmes sont marginalisés depuis des décennies, l’intervention est autorisée lorsque la vie des femmes est en danger.
Avortement au Moyen-Orient : la pratique est plus difficile que la théorie
Néanmoins, l’accès à l’avortement médicalisé reste difficile dans presque tous les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Pour de nombreuses femmes, il n’y a pas d’autre choix que d’opter pour des options illégales et dangereuses en raison de la stigmatisation qui prévaut dans la pratique.
Selon l’OMS, 11 % de la mortalité maternelle dans la région est le résultat d’avortements pratiqués clandestinement. Même dans les pays où la législation sur l’avortement semble flexible, la pratique s’avère complètement différente. Les préjugés des médecins conservateurs font souvent obstacle. On dit souvent aux femmes qu’une telle intervention est haram (interdite) dans l’islam.