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Avec sa toute nouvelle campagne publicitaire, le MR reçoit un inévitable retour de bâton, mais est-ce raté pour autant ?

Avec sa toute nouvelle campagne publicitaire, le MR reçoit un inévitable retour de bâton, mais est-ce raté pour autant ?
MR et Getty Images

Le MR a lancé sa campagne d’affichage avec des messages simples et provocants. Les détournements n’auront pas tardé.

  • Ne dit-on pas qu’une campagne publicitaire est réussie si elle fait parler d’elle ? Cela reste à voir. La campagne d’affichage lancée par le MR en Wallonie et à Bruxelles – mais aussi en Flandrepourrait tourner au bad buzz.
  • En effet, en utilisant un visuel plutôt simple, le parti libéral francophone s’expose aux détournements, qui n’auront pas tardé à pulluler sur les réseaux sociaux.
  • Mais il n’en reste pas moins que le MR va répartir 131 panneaux publicitaires dans l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et en particulier dans les provinces du Hainaut et de Liège, deux bastions historiques des rouges. Le slogan principal consistera à opposer en rouge les « 50 nuances de la gauche en Wallonie et à Bruxelles » à « Nous » en bleu.
  • Mais ce slogan se déclinera sous plusieurs formes. Ainsi, on retrouvera les oppositions « Moins de riches » en rouge et « Moins de pauvres » en bleu, « L’argent coule » en rouge et « L’argent compte » en bleu, ou encore « Nous avons prolongé le nucléaire » en bleu et « La gauche a dû nous suivre » qui se décline en rouge et en vert.
  • Car dans cette campagne, les Verts n’ont pas été oubliés, avec un panneau qui oppose « Climat d’angoisse » en vert et « Action climatique » en bleu, ou un plus subtil « Neutralité de l’État » en bleu opposé au même slogan, mais en flouté.
  • Le PS a très vite répliqué en réalisant ses propres panneaux : « Taxer les riches » vs « Protéger les riches », « Protéger l’indexation » vs « Sauter l’indexation », ou encore « Augmenter les salaires » vs « Bloquer les salaires ».
  • Il est toujours difficile de mesurer la réussite d’une campagne publicitaire, mais elle mettra en opposition deux concepts visuels : qui de la rue ou des réseaux sociaux aura le plus d’impact sur l’électeur ?
  • En attendant d’y voir plus clair dans les sondages, Bouchez opte pour la stratégie du « nous » contre « eux ». Deux visions de la société bien distincte et bien claire pour tous. Il reste à voir si ce message convaincra les indécis, au-delà l’électorat classique du Mouvement réformateur.

L’essentiel : Bouchez a un message à adresser à Bart De Wever, et aux Flamands

  • Dans tous les cas, la cellule communication du MR a poussé le concept très loin, puisqu’un cycliste devrait se balader sur la Grote Markt d’Anvers, à quelques pas du bureau de Bart de Wever, en tirant un message publicitaire, en néerlandais dans le texte.
  • Le but de l’opération ? Se présenter comme une « vraie » force libérale au nord du pays. Prouver qu’il n’existe pas que la gauche en Wallonie et devenir le partenaire de référence pour les décideurs politiques flamands, en particulier le président de la N-VA, Bart De Wever.
  • Au-delà de l’inimitié qu’il peut exister entre le président du MR, Georges-Louis Bouchez, et le bourgmestre d’Anvers, les libéraux francophones voudraient faire évoluer la mentalité des nationalistes à leur égard. On sait que Bart De Wever, face à la belgitude du MR, a fait du PS son partenaire de référence pour arriver à ses fins : le confédéralisme. Mais pour le reste, tout oppose les deux partis sur le plan socio-économique.
  • En coulisses, les libéraux francophones cherchent un rapprochement avec les nationalistes depuis un certain temps, pour ne pas se retrouver isolés en juin 2024. Récemment, Bouchez a tenté de nouer un contact direct avec De Wever, mais les deux hommes politiques ne se sont finalement pas vus.
  • Dans Het Laatste Nieuws, ce mercredi, Bouchez explique donc avoir opté pour une autre approche : « Bart se cache dans son hôtel de ville, je suis donc obligé de lancer ma campagne à Anvers, pour qu’il entende ce que j’ai à dire. S’il ne vient pas en Wallonie, je viendrai vers lui. » Il ajoute qu’il est « ouvert à une réforme de l’Etat », mais son message n’a pas fondamentalement changé : ce ne sera pas pour décortiquer l’échelon fédéral, mais pour rendre l’État plus efficace.
  • Depuis plusieurs années, Bouchez fait le tour des plateaux de télévision flamands pour tenter de convaincre que son parti est le seul partenaire compatible en termes de programme politique. Le fait qu’il aspire au poste de Premier ministre est également connu de tous, tout comme le fait qu’il ne s’exprime toujours pas en néerlandais.
  • Quoi qu’il en soit, ce nouveau « coup médiatique » au nord du pays n’est pas tellement apprécié par le parti frère, l’Open Vld. En se présentant comme « le véritable parti libéral qui tient bon », alors que les libéraux flamands sont à la ramasse dans les derniers sondages, Bouchez ne fait aucun cadeau à Alexander De Coo (Open VLD). Mais c’est aussi un calcul cynique dans le camp du MR : en affaiblissant les partis flamands de la Vivaldi, en ce compris l’Open VLD, le MR se rend incontournable pour obtenir prochainement une majorité au niveau fédéral.
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