Avec la politique actuelle, l’économie allemande risque de connaître plusieurs années de stagnation


Principaux renseignements

  • L’intervention excessive du gouvernement et la planification centralisée menacent les perspectives économiques à long terme de l’Allemagne.
  • Les coûts élevés, les réglementations contraignantes et les infrastructures inadéquates nuisent à la compétitivité de l’Allemagne.
  • Le passage à des politiques axées sur le marché est essentiel pour favoriser la croissance durable et l’innovation en Allemagne.

L’économie allemande est confrontée à une perspective décourageante : une période potentielle de 15 ans de stagnation. C’est ce qu’écrit l’économiste allemand Lars P. Feld dans le Handelsblatt. Ces sombres perspectives découlent des changements importants intervenus dans la politique économique allemande au cours des deux dernières décennies. Ces changements, motivés par la crise financière mondiale, l’essor économique de la Chine et l’importance croissante accordée à l’action climatique, ont orienté le pays vers une approche plus interventionniste, rappelant les économies centralement planifiées.

Bien que les projections récentes suggèrent une certaine croissance d’ici 2026, celle-ci est largement attribuée aux programmes de dépenses publiques financés par la dette et les effets de calendrier plutôt qu’à un investissement privé robuste. Les enquêtes auprès des entreprises révèlent une réduction continue des plans d’investissement, et des institutions telles que l’institut Ifo prévoient une croissance économique à moyen terme plus faible que prévu.

Inquiétudes sur la compétitivité

La compétitivité de l’Allemagne suscite de nombreuses inquiétudes. Les coûts élevés de la main-d’œuvre et de l’énergie, les réglementations excessives, la lourdeur de la charge fiscale et l’insuffisance des infrastructures découragent les investissements. Malgré ces défis, les entreprises allemandes restent financièrement saines et les ménages jouissent d’une relative stabilité financière. Toutefois, l’augmentation de la dette publique et la dépendance croissante à l’égard des hausses d’impôts soulèvent des inquiétudes quant à la viabilité à long terme de cette approche.

La crise financière mondiale a révélé des vulnérabilités dans des marchés auparavant perçus comme efficaces. L’effondrement de Lehman Brothers a mis en évidence les risques systémiques au sein du système financier, ce qui a conduit à une résurgence de l’intervention de l’État en tant que « prêteur en dernier ressort » Les banquiers centraux, autrefois critiqués pour leurs politiques monétaires trop souples, ont assumé un rôle plus influent, comme en témoigne l’engagement de Mario Draghi de « faire ce qu’il faut » pour stabiliser les marchés obligataires. La pandémie de COVID-19 a encore amplifié le pouvoir de l’État, les gouvernements mettant en place des mesures de confinement généralisées et offrant un soutien important aux particuliers et aux entreprises.

La montée en puissance de la Chine

La remarquable ascension économique de la Chine a également eu un impact profond sur l’Allemagne. Avec des taux de croissance étonnants et des avancées technologiques rapides, les entreprises chinoises ont remis en cause la domination allemande dans des secteurs clés tels que l’automobile, les machines et les produits chimiques. Le contrôle stratégique de la Chine sur des ressources cruciales renforce encore sa position sur la scène mondiale.

Le succès de la politique industrielle chinoise, caractérisée par une planification centralisée et des investissements ciblés, a été largement admiré. Cette approche, associée à un développement important des infrastructures, témoigne d’un niveau d’intervention de l’État rarement atteint dans les économies occidentales.

Politiques climatiques

Dans le même temps, les politiques climatiques de l’UE et de l’Allemagne mettent l’accent sur des plans détaillés visant à transformer des économies entières en neutralité carbone. Ces politiques impliquent des objectifs juridiquement contraignants pour divers secteurs, soumis à des sanctions en cas de non-respect. Elles vont même jusqu’à interdire purement et simplement certaines technologies.

Cette tendance générale à la planification centralisée n’est pas durable. Les économies sont des systèmes complexes qui ne peuvent être gérés efficacement. Aucune entité ne possède les connaissances et la prévoyance nécessaires pour dicter chaque aspect de l’activité économique. En outre, les consommateurs individuels conservent la liberté de faire leurs propres choix. Il est donc essentiel que l’Allemagne reconnaisse les limites de cette approche et revienne à un cadre plus axé sur le marché. (uv)

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