L’armée russe crie victoire, mais doit déployer des armes thermobariques sur son propre territoire face aux raids pro-ukrainiens : ce qu’on sait des combats

L’armée russe prétend avoir repoussé les Ukrainiens deux jours après l’annonce de Zelensky que la contre-attaque était prête. C’est possible, mais l’information n’est pas confirmée ; il se peut que l’ours vende un peu vite la peau du renard. D’autant que les combats semblent continuer de part et d’autre de la frontière.

Pourquoi est-ce important ?

Samedi dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que son pays était prêt pour la grande contre-offensive que l'on attend depuis des mois. « Je ne sais pas combien de temps cela va durer. Cela peut aller dans les deux sens. Mais nous allons le faire et nous sommes prêts » a-t-il confié au Wall Street Journal. Le front bruisse depuis lors de rumeurs, mais il est difficile de démêler le vrai du faux, et surtout du très exagéré. Et ça vaut pour les deux camps.

Victoire défensive russe ?

L’actualité : Le ministère russe de la Défense a clamé ce lundi matin sur sa chaîne Telegram avoir repoussé « une attaque majeure » des Ukrainiens sur Donetsk. Il a affirmé que 250 soldats ukrainiens avaient été tués et que 16 chars, trois véhicules de combat d’infanterie et 21 véhicules blindés de transport de troupes avaient été détruits. Mais rien de tout cela n’a pas encore être vérifié, nuance The Guardian.

  • Les quelques images qui circulent, présentées comme étant liées à cet événement, semblent bien montrer des tentatives d’avance des Ukrainiens, ici dans le district de Velyka Novosilka, et qui essuient des tirs et vraisemblablement des pertes. Mais rien ne confirme les volumes avancés par Moscou, ni d’ailleurs l’issue des combats au-delà de ces vidéos.
  • Les responsables ukrainiens n’ont quant à eux fait aucun commentaire et ont insisté sur la nécessité de garder le secret sur les opérations, ces derniers jours. Un silence globalement respecté, mais qui empêche de comparer les sons de cloche.

Des partisans pro-ukrainiens toujours actifs en Russie

Des unités de Russes qui combattent pour Kiev sont toujours actives sur le territoire de la Fédération de Russie, en particulier dans la région de Belgorod, et ce malgré les déclarations précédentes du Kremlin et des autorités locales, qui annonçaient avoir repoussé ou éliminé des « saboteurs ».

  • Vendredi dernier, le ministère britannique de la Défense, habituellement bien informé, a même annoncé que l’armée russe avait redéployé des lance-missiles TOS-1 Bouratino dans la région de Belgorod pour repousser les attaques.
  • À noter que ces engins, qui portent 22 tubes lance-missiles de 220 mm sur un châssis de char T-72, ne sont pas utilisés par l’artillerie russe, mais par les unités NBC – nucléaire, biologique et chimique – car les munitions sont thermobariques. Il s’agit d’une arme induisant un effet de surpression puis de dépression brutale, efficace pour nettoyer les espaces clos et que les Russes ont déjà utilisés comme arme de terreur.
  • Son déploiement prouve en tout cas que les raids du côté russe ne sont pas terminés et que cette « Freedom of Russia Legion » donne toujours du fil à retordre au Kremlin.
  • Ceux-ci narguent même allègrement les autorités de Belgorod : des rumeurs circulaient ce matin d’une rencontre avec le gouverneur de l’oblast concernant le sort des soldats russes faits prisonniers sur leur propre sol. Apparemment celle-ci n’a pas eu lieu, et les détenus semblent avoir été transférés en Ukraine. Cela signifie donc que les combattants pro-Kiev ont toujours accès à des bases de repli, en plus de rester actifs.

Seulement la première phase de la bataille

Ce qu’on peut en conclure : de toute évidence, le front s’active et les Ukrainiens poussent, ou au moins tentent de le faire, mais à l’heure d’écrire ces lignes, nous n’en savons guère plus et les lignes russes ne semblent pas percées. Moscou a accentué ses bombardements par drones durant la nuit, vraisemblablement pour gêner les mouvements mais les Ukrainiens auraient détruit 90% de ces drones avant impact, selon les Britanniques. Des attaques au drone ont toutefois été signalées à Belgorod, et la centrale électrique de la ville russe aurait été mise hors-service.

  • Une opération militaire de cette ampleur peut durer des semaines et nous entrons seulement dans ce qui ressemble à une phase d’attaque d’ampleur de la part des Ukrainiens. Tout est encore possible, mais ces derniers paraissent garder une bonne longueur d’avance.
  • La bataille se déroule aussi sur le terrain de l’information : l’annonce précipitée d’une victoire russe en est un exemple, mais les Ukrainiens ont riposté en brouillant plusieurs chaines de télévision diffusées en Crimée, diffusant leurs propres programmes. Quoiqu’il soit, tout ce qui nous parvient doit être pris avec rigueur.
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