Comme prévu, les membres du conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE) ont suspendu les baisses de taux. Le taux directeur reste donc fixé à 2 pour cent. Au cours de l’année écoulée, l’institution monétaire a abaissé le taux de 25 points de base à huit reprises consécutives.
Principaux renseignements
- Depuis juin 2024, la BCE a réduit son taux directeur à huit reprises. Elle marque désormais une pause.
- La guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la croissance économique de la zone euro. L’inflation pourrait ainsi passer sous l’objectif de la BCE (2 pour cent).
- Il est encore difficile de prédire ce que l’avenir nous réserve. L’institution monétaire rappelle une nouvelle fois que toute décision future en matière de taux d’intérêt sera prise sur la base des données disponibles.
Dans l’actualité : la BCE maintient ses taux d’intérêt inchangés. C’est la première fois depuis le début de l’assouplissement de la politique monétaire en juin (2024) que la banque centrale appuie sur le bouton pause.
- En raison de cette décision, le taux d’intérêt des dépôts – la rémunération que les institutions financières reçoivent pour les excédents d’épargne qu’elles placent à Francfort – reste bloqué à 2 pour cent, son niveau le plus bas depuis décembre 2022. Il y a un peu plus d’un an, il était encore de 4 pour cent.
- L’institution monétaire souligne que l’inflation évolue dans la bonne direction. Ainsi, les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 2 pour cent le mois dernier par rapport à l’année dernière. La dépréciation monétaire est donc conforme aux objectifs de la BCE, qui vise une inflation de 2 pour cent (à moyen terme).
- « La pression sur les prix intérieurs a continué de baisser et les salaires augmentent moins rapidement », indique un communiqué de presse.
- La BCE souligne en outre que l’économie européenne reste résiliente malgré la guerre commerciale et les tensions géopolitiques. Elle ajoute toutefois que le climat reste exceptionnellement incertain.
- Les dernières données de l’office statistique européen Eurostat montrent que la zone euro a connu une croissance de 0,6 pour cent au premier trimestre de cette année (sur une base trimestrielle). Ce chiffre est supérieur à la croissance prévue de 0,3 pour cent. Sur une base annuelle, le taux de croissance de l’union monétaire s’est établi à 1,5 pour cent, contre une estimation précédente de 1,2 pour cent.
- La banque centrale souligne à nouveau que toute décision future en matière de taux d’intérêt sera prise sur la base des données disponibles. « Les décisions futures en matière de taux d’intérêt seront notamment fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation et des risques qui y sont associés, à la lumière des données économiques et financières disponibles », a déclaré la BCE. « Nous ne nous engageons pas à l’avance sur une trajectoire de taux d’intérêt particulière. »
« Pas de surprise de la part de la BCE »
Détails : Carsten Brzeski, économiste chez ING, remarque dans une première réaction que la pause dans les taux d’intérêt n’est pas une surprise.
- « La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait déjà déclaré en juin que l’inflation répondait aux attentes des banquiers centraux. L’institution monétaire peut désormais attendre de voir quel sera l’impact de la guerre commerciale sur l’inflation », explique-t-il. Une telle guerre pourrait peser sur la croissance, avec pour conséquence une baisse potentielle de l’inflation.
- Les 27 États membres de l’UE ont d’ailleurs accepté de conclure un accord avec le président américain Donald Trump et ont opté pour un droit d’importation de 15 pour cent aux États-Unis. Trump doit encore réagir à cette proposition. Les dirigeants européens préparent toutefois déjà des contre-mesures au cas où le président refuserait la proposition.
La BCE continue de réduire son bilan
Autre élément : la BCE tente également de modérer l’inflation en réduisant son bilan. Cela contribue à augmenter les taux d’intérêt à long terme. En effet, il y a davantage de titres de créance sur le marché, ce qui fait baisser leur cours et augmente les coupons (lors des nouvelles émissions d’obligations). En vendant des titres de créance, la BCE veille également à ce que moins d’argent soit injecté dans l’économie.
- « Les portefeuilles APP et PEPP diminuent à un rythme régulier et prévisible, car l’Eurosystème ne réinvestit plus les remboursements des titres arrivés à échéance », indique l’institution monétaire.


