Hier soir, Apple a répondu aux prières de tous et officialisé son premier casque de réalité augmentée. Une vraie révolution pour la firme de Cupertino, pour le marché des casques AR, mais une question persiste : en quoi est-il utile ?

L’héritage de Tim Cook

L’officialisation de l’Apple Vision Pro est historique pour la firme à la pomme, car avec lui, Apple introduit une toute nouvelle gamme de produits. Cela n’était pas arrivé depuis l’Apple Watch, en 2014. Si l’entreprise a lancé plusieurs gammes inédites de produits sous la présidence de Tim Cook, ce casque pourrait être celui qui marquera son règne, son héritage pour la postérité.  

• Le Vision Pro était en effet annoncé comme un tournant dans l’histoire d’Apple, à l’image de l’iPhone sous Steve Jobs. Un appareil à la fois radical et innovant.

Une première incursion solide

Les promesses de l’Apple Vision Pro sont nombreuses. À la fois outil de travail et de divertissement, le casque est vendu comme un « ordinateur spatial » qui révolutionnera la manière dont les individus réalisent des tâches de bureau et se divertissent.

• À en croire la présentation d’Apple, l’appareil est un monstre de puissance, capable de donner vie dans le monde réel à diverses applications, mais aussi d’immerger l’utilisateur dans un monde virtuel grâce à ses écrans dont l’affichage suit le regard du porteur et ses haut-parleurs.
• Jusque-là rien de révolutionnaire en soi, plusieurs autres géants de la tech proposent depuis longtemps des appareils proposant des expériences similaires.
  • Reste que celui d’Apple semble plus abouti que les premières tentatives de Google, Microsoft ou Meta, en partie dû au fait que la firme à la pomme a longtemps attendu avant de se lancer.
• S’il faut bien entendu attendre le résultat des premiers tests, le Vision Pro impressionne. Son design démontre un souci ergonomique, avec notamment la possibité de régler la sangle arrière, plusieurs bandeaux et habillages d’écran interchangeables pour s’adapter aux différents visages.
• Ajouter à cela l’étendue des utilisations possibles du casque qui, selon la présentation d’Apple, valent le coup. La firme de Cupertino a été jusqu’à assurer que le Vision Pro était voué à remplacer le Mac. Une vision pour le moins ambitieuse qui montre également qu’Apple pense déjà à l’avenir et aux prochaines évolutions de son casque.
  • On peut d’ailleurs se demander si le Vision Pro n’héritera pas de fonctionnalités supplémentaires avant sa sortie prévue pour début 2024.

Un bien joli produit dont l’utilité doit encore être prouvée

Le Vision Pro est vraiment grisant, surtout pour les technophiles, mais a-t-il vraiment un avenir ? Car au-delà de l’aspect technologique de la chose, Apple fait un pari risqué avec son appareil. Parviendra-t-il à trouver son public ? À séduire au-delà du marché de niche sur lequel semblent condamnés les casques de réalité virtuelle et augmentée ?

• Le Vision Pro se destine à une utilisation professionnelle. Apple en a fait la démonstration. Présenté comme le futur remplaçant du Mac, le casque permet d’interagir avec différentes applications de bureautique avec la voix, les yeux, les gestes, mais aussi un clavier et un trackpad connectés par Bluetooth.
• Si la démonstration est plutôt impressionnante, la question est de savoir qui serait prêt à travailler toute la journée avec un casque sur les yeux plutôt que d’utiliser son outil de travail traditionnel, un PC ? Outre la gêne occasionnée par le port prolongé d’un tel appareil, l’utilisation du Vision Pro entrainera forcément un isolement, et ce, même s’il permet d’afficher les yeux de son porteur.

Pour ce qui est du divertissement, même chose : pourquoi s’isoler autant pour regarder un film ou une série plutôt que de partager ce moment avec autrui ? Alors certes, dans certains cas, le casque pourrait être utile, notamment pour éviter de réveiller la personne à nos côtés, mais tout de même.

Des expériences spécialement développées pour le casque

• Le Vision Pro pourrait cependant se démarquer grâce à des expériences augmentées et virtuelles, notamment avec les jeux vidéo. À l’image de ce que propose Meta avec le Quest 2, le casque d’Apple permettra de s’immerger plus profondément dans les jeux vidéo en étant au cœur de l’aventure. Encore faut-il qu’ils soient compatibles.
  • À ce sujet, la firme de Cupertino a promis plus d’une centaine de jeux Apple Arcade compatibles le jour de la sortie du casque.

• Et c’est peut-être ça le nœud du problème : pour que le Vision Pro soit véritablement une révolution pour monsieur et madame Tout-le-monde, il faut leur proposer des expériences spécialement conçues pour son utilisation.
  • À ce titre, Apple a conclu un partenariat avec Disney+ pour offrir une expérience 3D de sa plateforme aux utilisateurs du Vision Pro (voir le tweet plus bas).
• L’ajout de fonctionnalités spécifiques à des médias de divertissement sera sans doute ce qui permettra au casque d’Apple ne pas être un flop total à 3.499 dollars

D’autres défis

À la question de l’utilité d’un tel produit s’ajoute celle de savoir qui sera prêt à débourser 3.499 $ pour s’offrir un casque de réalité augmentée. Car oui, le prix sera un obstacle pour beaucoup.

Mais convaincre les consommateurs de l’intérêt de son appareil ne sera pas le seul défi d’Apple, la firme de Cupertino devra également persuader les développeurs et éditeurs que son casque de réalité augmentée est l’avenir. Sans quoi, l’expérience proposée par le Vision Pro pourrait être limitée.

• C’est d’ailleurs sans doute pourquoi Apple a présenté son produit aussi tôt par rapport à sa fenêtre de sortie.
• La firme de Cupertino souhaite sans doute bénéficier d’une marge de manœuvre confortable pour convaincre les développeurs et leur permettre de proposer des expériences adaptées qui attireront les consommateurs.

À noter : les retours sont d’ailleurs plutôt mitigés. Certains reconnaissent les qualités techniques de l’appareil, d’autres se demandent en quoi le casque sera utile. D’ailleurs, la valorisation d’Apple n’a pas atteint les 3.000 milliards de dollars, comme certains l’annonçaient. Preuve que les investisseurs sont partagés.