Le dernier porte-avions russe sort enfin de cale sèche… Mais se cherche un équipage

Après des années immobilisé, l’Amiral Kouznetsov a enfin repris la mer. Sa modernisation a coûté cher à la Russie. Mais ce n’est pas pour autant que le fleuron de la flotte du Nord et de l’Arctique pèsera de suite sur l’échiquier international.

Pourquoi est-ce important ?

Les porte-avions représentent les principaux bâtiments d'une flotte océanique, et seules les grandes puissances ont les moyens d'aligner ces navires titanesques, qui rendent possibles des opérations aéronavales massives sur toutes les mers du monde. En aligner un est donc un élément de prestige essentiel et une démonstration de force certaine. Quand tout va pour le mieux à bord.

Dans l’actualité : l’Amiral Kouznetsov, le bâtiment majeur de la flotte russe et son seul porte-avions encore en service, a enfin quitté la cale sèche du chantier naval de chantier naval de la compagnie maritime Sevmorput, dans la région de Mourmansk, en mer de Barents.

  • Le porte-avions s’y trouvait depuis mai 2022, mais il n’avait pas navigué depuis 2018 pour cause de réparations. Or le chantier a été depuis entaché d’un bon nombre de retards et d’irrégularités, dont des détournements de fonds.
  • Sa première cale sèche flottante a coulé dans la baie de Kola, et le chantier a causé la mort d’un ouvrier en octobre 2018. Une grue s’est également effondrée sur le pont d’envol, et deux incendies se sont déclarés à bord.

Où trouver des matelots ?

Selon des sources industrielles russes, citées notamment par l’agence TASS, le navire devrait reprendre sa place dans l’ordre de bataille russe en 2024. À condition toutefois de lui trouver un équipage d’ici là, selon le journal russe Izvestia. L’Amiral Kouznetsov nécessite 1.500 membres d’équipage pour fonctionner à plein régime, ce qui s’avère complexe dans un contexte de crise des effectifs militaires, d’autant qu’il faudra encore former ces matelots.

« La formation de l’équipage d’un tel navire est un processus très complexe. […] Si la marine américaine dispose de nombreux porte-avions et qu’elle transfére des spécialistes d’un bâtiment à un autre, l’Amiral Kouznetsov est le seul du genre. […] En plus des officiers et des aspirants, il est nécessaire de recruter des marins contractuels. C’est une tâche très difficile pour les services de ressources humaines. »

Dmitry Boltenkov, historien militaire cité par Izvestia – repris par Opex360.
  • Dans ce contexte, un déploiement dès 2024 semble très optimiste : non seulement il faut recruter, mais il faut aussi habituer l’équipage aux nouveaux matériels embarqués, comme des avions de chasse de dernière génération. Et bien sûr, roder tous les nouveaux composants, dont les chaudières ont été remplacées. Le chantier était estimé à 300 millions d’euros, mais la facture monte probablement à plus que cela.

Un petit frère sous drapeau chinois

L’Amiral Kouznetsov a eu une histoire mouvementée : lancé en 1985, cet ultime porte-avions soviétique n’a été considéré comme entièrement opérationnel qu’en 1995.

  • C’est le seul représentant de la classe : la construction de son navire-frère, le Varyag, a été abandonnée à la chute de l’Union soviétique, alors que le bâtiment était assemblé à 80%. Après une querelle pour sa possession entre la Russie et l’Ukraine, ce dernier pays l’a revendu à la Chine en 1998 où il est devenu le Liaoning, premier porte-avions de la marine de l’Empire du Milieu.
  • La Russie ne possède donc qu’un seul porte-avions « moderne » ainsi que quatre autres déclassés. En comparaison, la marine américaine en aligne 11 en service, 55 déclassés, et 3 en construction. 29 porte-avions sont actuellement en service sur les mers du globe.
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