Amazon vient de lancer “Internet”, une application pour améliorer l’accès à internet des campagnards indiens. Vraiment ?

Amazon prépare une offensive massive en Inde. Le géant américain du e-commerce estime que les livraisons d’articles domestiques et de produits d’épicerie représenteront plus de la moitié de son chiffre d’affaires en Inde d’ici les 5 prochaines années.

Amit Agarwal, qui dirige la filiale indienne d’Amazon, a expliqué au cours d’une interview que la firme livrait déjà des produits d’épicerie en Inde au travers de son service Pantry. Mais elle s’apprête également à lancer son service de livraison rapide de produits frais Amazon Fresh, ce qui la conduira à livrer les commandes de ses clients indiens en moins de 2 heures.

« Dans les 5 prochaines années, les produits d’épicerie et les consommables représenteront probablement plus de la moitié de notre chiffre d’affaires », a-t-il expliqué à Reuters.

L’Inde, un Eldorado pour Amazon… et les autres

La population énorme de l’Inde (1,33 milliard de personnes, ce qui en fait le second pays le plus peuplé du monde), très à l’aise avec les applications mobiles, et le dynamisme de son économie, en font un marché à l’exportation de choix pour les entreprises qui ont épuisé les possibilités de leur marché interne et qui souhaitent se diversifier à l’international. Cette année, l’agence de notation Moody’s table sur une croissance économique de 7,6 % pour l’Inde ; le FMI indique un chiffre de 7,4 %. Dans tous les cas, l’Inde est sacrée championne du monde en termes de rythme de croissance.

Pour Amazon, l’Inde constitue déjà la plus grosse base de clients en dehors des États-Unis. Amazon compte déjà 100 millions d’utilisateurs en Inde. Selon Morgan Stanley, le marché du e-commerce en Inde devrait peser 200 milliards de dollars (environ 164 milliards d’euros) d’ici 10 ans, en partie grâce aux applications mobiles qui facilitent les achats.

Mais ce n’est pas tout. Le géant du e-commerce s’est engagé dans une lutte avec la chaîne de supermarchés Walmart pour acquérir la majorité des parts de Flipkart, la plus grande entreprise de e-commerce indienne.

« Internet »

Mais les 391 millions de comptes de cette entreprise ne représentent guère qu’une fraction de la population indienne, à peine 30 %. Qu’à cela ne tienne : Amazon vient discrètement de lancer une application appelée « Internet » pour aider les consommateurs indiens à se tenir informés en matière d’actualité, grâce à un navigateur intégré très léger. Ce dernier ne pèse que 2 MB, contre 21 MB pour les navigateurs traditionnels. Cette application devrait permettre aux Indiens vivant dans les zones rurales d’accéder à l’Internet… et de permettre ainsi à Amazon de leur vendre des faitouts et des produits d’épicerie.

Un chevalier blanc… de Troie ?

Cerise sur le gâteau, les géants de l’Internet peuvent s’y attaquer en brandissant l’étendard d’un objectif noble : celui d’apporter l’Internet à des citoyens qui en étaient jusqu’alors exclus. Même si, à y regarder de plus près, il ne s’agit rien de moins que d’une tactique pour améliorer les profits de l’entreprise.

Amazon n’est d’ailleurs pas la seule à déguiser une offensive commerciale sur un nouveau marché en mission sociale visant à améliorer la connectivité. Google a lancé une chaîne de montgolfières dans la stratosphère, reliées entre elles afin de créer un réseau qui procure un accès internet aux zones rurales reculées, tandis que Facebook gère un service qui opère dans 63 pays, Free Basics, dans le même but.

Or, cette dernière s’est vue refuser l’accès à l’Inde par les régulateurs des télécoms du pays qui ont estimé qu’elle ne respectait pas l’obligation d’accès non discriminatoire. Dans ce contexte, l’application d’Amazon, bien plus discrète, pourrait réussir à s’imposer.

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