“Amazon lorgne les secteurs des voyages et des stations-service”

Tom Forte, un analyste de la société de recherche D.A. Davidson, affirme que le géant de l’e-commerce Amazon s’apprête à investir les marchés du voyage et des stations-service. L’analyste est parvenu à cette conclusion en spéculant que la firme de Jeff Bezos s’inspirait du business modèle d’un autre géant américain de la distribution, Costco.

« D’après nos estimations, Amazon s’est lancé sur le moment sur 8 des 10 opportunités de marché qui dépasse les 1000 milliards de dollars mondialement. Nous pensons qu’il est une opportunité pour lui à exploiter les 2 marchés restant : les stations-service et le voyage », a indiqué Forte dans une note aux clients hier, ajoutant « la firme a pour habitude de résoudre les problèmes logistiques complexes. Financièrement, elle cherche des opportunités qui peuvent générer un important cash-flow libre ».

Costco, la source d’inspiration d’Amazon

Selon Forte, Amazon s’inspirait du business modèle de Costco, une chaîne de magasins entrepôts, qui fonctionne sur la base d’une adhésion, à la manière d’un club. Cette adhésion permet en théorie à ses clients de profiter de prix plus avantageux. La chaîne exploitait 715 magasins à travers le monde en 2016, ce qui faisait d’elle le 4e distributeur aux États-Unis.

Or, 10% du chiffre d’affaires de Costco provient de ses stations-service; en outre, en matière de voyage, Costco offre des rabais sur les croisières, les locations de voiture et les séjours, ce qu’Amazon pourrait dupliquer facilement.

De merveilleuses opportunités de synergies en vue

La firme de Jeff Bezos pourrait en effet offrir des remises sur les voyages à ses abonnés du service Prime. L’expansion sur ces 2 nouveaux marchés lui permettrait de développer sa collecte des données sur ses clients.

Enfin, la création de stations-service lui permettrait d’ajouter des milliers de points de vente pour écouler ses produits. « Amazon pourrait vendre aux clients non seulement leur billet d’avion et leur séjour à l’hôtel, mais également tout ce dont ils ont besoin pour leur voyage » note Forte.

Amazon se diversifie tous azimuts

En mars de cette année, on a appris qu’Amazon avait engagé des négociations avec de grandes banques américaines, dont JP Morgan, pour proposer un compte bancaire à ses clients. Selon une étude du cabinet de conseil Bain & Company, une banque Amazon pourrait rattraper en 5 ans Wells Fargo, la 3e banque américaine.

Au début de l’année, la nouvelle de la création d’un partenariat entre Amazon, Berkshire Hathaway et JPMorgan pour former une nouvelle entreprise dont l’objectif sera d’améliorer la couverture santé de leurs employés aux États-Unis avait fait la une des journaux. L’intérêt du géant du e-commerce pour le secteur de la santé inquiétait déjà les pharmacies américaines. 

A la fin de l’année dernière, la chaîne CNBC avait rapporté qu’il était entré en négociations avec des fabricants de médicaments génériques, dont les laboratoires Mylan et Sandoz. À la même époque, on avait appris que le géant de l’e-commerce avait obtenu plusieurs autorisations, dont une autorisation pour vendre des produits pharmaceutiques en gros dans plusieurs Etats américains. Néanmoins, démarches n’ont pas réellement été suivies d’effets. L’analyste de marché Jefferies pense que la lourde réglementation américaine en matière de distribution de médicaments, le Wholesale Drug Distribution Act, refroidit les ardeurs de la firme.

Amazon à l’assaut du monde

Amazon est désormais le sixième détaillant du monde, avec des ventes de près de 100 milliards $ (environ 85 milliards d’euros).

La firme a aussi lancé des initiatives pour conquérir de nouveaux marchés, en particulier dans les pays émergents. Souvent, dans ces pays, le secteur du commerce électronique en est à ses balbutiements, et l’arrivée d’Amazon est un choc pour les  poids-lourds du commerce de détail implantés, cruciaux pour l’économie locale.

«Nous voyons Amazon investir dans de nouveaux marchés internationaux pour poursuivre son expansion», avaient récemment expliqué les analystes de Morgan Stanley. Brian Nowak, l’un d’entre eux, décrit les marchés émergents comme « le prochain champ de bataille à 5.000 milliards de dollars ».

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