Nulle part en Europe les gens n’investissent moins dans l’immobilier qu’en Allemagne. À peine 52% de tous les ménages y possèdent leur propre maison. Le reste de la population est locataire et semble donc parfaitement heureux. La possession la plus précieuse d’une famille allemande est généralement sa voiture. Quiconque touche le diesel, fait du mal à l’homme de la rue allemand.
Le fait que la voiture électrique ait maintenant entamé son ascension mondiale est donc une mauvaise nouvelle pour les familles allemandes et l’industrie automobile locale. En Allemagne, on invoque souvent à maintes reprises l’argument selon lequel l’empreinte écologique d’une voiture électrique est supérieure à celle de la nouvelle génération de voitures à essence. Un argument qui a récemment été confirmé dans une étude de l’Institut Ifo. Une série de scientifiques allemands renommés ont participé à cette étude. Ils ont comparé les émissions de CO2 de deux voitures : la Mercedes C220 et la Tesla Model 3. Sur la base d’un modèle de calcul plutôt discutable (NEDC), des chercheurs allemands ont conclu que les voitures diesel sont moins nocives pour l’environnement que les voitures électriques. Ce message a également eu beaucoup de succès dans les médias sociaux en Flandre.
Mais le fait que les chercheurs n’aient comparé que deux modèles de voitures de luxe ne semble pas suffisant pour parvenir à une conclusion générale. De plus, les voitures électriques sont encore produites en petites quantités. On peut donc supposer qu’avec des batteries de plus en plus performantes, une modification de la composition des sources d’énergie et une augmentation des volumes de production, des gains importants peuvent encore être réalisés en termes d’émissions de CO2.
Nulle part ailleurs dans l’UE, l’électricité n’est plus chère qu’en Allemagne
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a récemment publié sa propre étude. La conclusion était que la version électrique de la Volkswagen Golf émettait moins de CO2 que son équivalent essence. Le mix énergétique national joue également un rôle. Nulle part ailleurs dans l’Union européenne l’électricité n’est plus chère qu’en Allemagne. En France, par exemple, les coûts de l’électricité sont beaucoup moins chers qu’en Allemagne. Grâce à l’énergie nucléaire. Quand Angela Merkel a décidé, après le désastre de Fukushima, de renoncer définitivement à l’énergie nucléaire, elle s’est accaparé un énorme fardeau.
La voiture électrique a encore beaucoup de marge
Il existe en effet une tendance mondiale qui joue en faveur des voitures électriques. Personne ne devrait être surpris que l’Allemagne tente désespérément de sauver la technologie du passé. Le secteur automobile allemand génère 14 % du PIB allemand et emploie 800 000 personnes. Mais l’Allemagne risque de perdre les avantages liés à sa technologie unique au cours des prochaines décennies. La question est de savoir si le pays va perpétuer cette technologie le plus longtemps possible ou s’adapter au mieux à un monde où son rôle de superpuissance industrielle se dilue.
La voiture électrique est l’incarnation d’une double mutation technologique : de l’analogique au numérique et de l’énergie thermique aux énergies renouvelables. L’Allemagne disposait de toutes les ressources financières et humaines pour dominer cette transition. Mais il devient de plus en plus clair que la société allemande choisit de résister le plus longtemps possible à cette transition.