Jusqu’à trois quarts des réfugiés qui bénéficient de l’asile en Allemagne sont toujours sans travail cinq ans plus tard, et parfois même 10 ans plus tard, pour certains. Ce constat est celui dont Aydan Özo?uz, le commissaire pour les réfugiés, l’immigration et l’intégration, a fait part au journal britannique Financial Times. C’est une mauvaise nouvelle pour la chancelière Merkel, qui brigue un quatrième mandat, et dont la cote avait déjà chuté dans les sondages, quand elle avait décidé d’ouvrir la frontière à l’été 2015.Depuis, le sujet de l’immigration s’était fait plus discret dans l’actualité, mais cette question préoccupe toujours les électeurs. Ces derniers ne savent toujours pas comment le pays pourra intégrer les 1,3 millions de réfugiés qui sont arrivés en Allemagne depuis le début de l’année 2015.
Les nouveaux arrivants hautement qualifiés ne sont pas si hautement qualifiés…
Au départ, l’Allemagne s’était enthousiasmée pour cet afflux d’arrivants, et la perspective qu’ils allaient résoudre le problème de pénurie de main d’œuvre et celui du vieillissement de la population que connait le pays. Mais cet espoir s’est rapidement évanoui : car si les premiers réfugiés à arriver avaient plutôt le profil d’ingénieurs ou de médecins, ils ont été rapidement suivis par des masses de migrants non qualifiés, qui ne parlent pas l’allemand.Aujourd’hui, 484 000 réfugiés sont en recherche d’emploi, contre 322 000 l’année dernière, soit une hausse de 50 %.L’Allemagne a plus de 1 million d’emplois à pourvoir, mais 5 sur 6 d’entre eux nécessitent des compétences particulières. Parmi les demandeurs d’asile, seulement un sur trois aurait reçu une formation professionnelle, selon les chiffres de l’Institut pour la recherche sur l’emploi (Institut für Arbeitsmarkt- und Berufsforschung, IAB). En outre, la langue est une barrière importante.Selon Joachim Möller de l’IAB, « On pourra parler de succès si 50 % de ces personnes parviennent à trouver un emploi qui leur assure leur subsistance d’ici 5 ans ».
«Ce serait une illusion de croire que nous parviendrons à trouver un emploi pour une bonne proportion de réfugiés dans des secteurs à hauts salaires tels que l’industrie automobile».
Le dernier rapport de l’IAB indique que seulement 17% des réfugiés ont un emploi.Selon ÖzoÄŸuz, la priorité du gouvernement allemand n’est pas tant de leur trouver un emploi le plus rapidement possible, que de s’assurer qu’ils apprennent l’allemand et qu’ils aient des formations pour pouvoir réellement s’adapter au marché du travail d’une économie avancée :
« Nous ne prenons pas les réfugiés parce qu’ils possèdent certaines compétences. Le seul critère devrait être celui d’aider ces gens à fuir la guerre et la persécution politique ».
La Belgique
Les chiffres dans notre pays, qui a accueilli beaucoup moins de réfugiés que l’Allemagne, sont encore pires. À peine 3,5 % des 57.000 réfugiés qui sont arrivés en Belgique l’année dernière occupent maintenant un emploi. Mais on ignore s’il s’agit d’un emploi stable. C’est la conclusion d’un rapport publié récemment par le think tank Itinera.Il expliquait que l’une des raisons pour lesquelles l’intégration de ces nouveaux arrivants sur le marché du travail était aussi modeste était l’absence de mise en place d’une politique spécifique s’adressant à ces demandeurs d’emplois particuliers :« L’absence de cartographie du profil des réfugiés et de monitoring correct empêchent de disposer de données cohérentes. (…) Environ trois quarts des réfugiés arrivant en Belgique n’ont pas suivi de formation supérieure, et une part substantielle (près d’un sur cinq) est même analphabète. »