Le gouvernement d’Olaf Scholz, composé de socialistes, de verts et de libéraux, vient de franchir une étape de plus dans la légalisation du cannabis récréatif. Un avant-projet de loi a été dévoilé mercredi par le ministre de la Santé, Karl Lauterbach.
Dans l’actu : ce que dit l’avant-projet de loi.
- Il permettrait aux personnes de plus de 18 ans de posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis et de cultiver jusqu’à trois plantes pour leur usage personnel.
- Pour se procurer ce cannabis, il faudra devenir membre d’un « cannabis social club », une ASBL réglementée par les pouvoirs publics qui fournira à ses membres du cannabis cultivé sur place. Ils ne pourront fournir que jusqu’à 50 grammes par mois, avec une limitation à 30 grammes par mois pour les jeunes âgés de 18 à 21 ans.
- À noter qu’on ne pourra pas y consommer de cannabis et que ces clubs devront être situés à 200 mètres au moins des écoles.
L’essentiel : des ambitions à la baisse.
- Les arguments des autorités ont été répétés : réduire le marché noir et la criminalité, le commerce de substances frelatées ou toxiques et le nombre de consommateurs. Le ministre Lauterbach a qualifié le projet de loi de « tournant » après des politiques sur le cannabis qui avaient « malheureusement échoué ».
- Sur le plan pécuniaire par contre, c’est la soupe à la grimace pour ceux qui espéraient y voir une énorme opportunité. À la base, la légalisation du cannabis était vue comme une opportunité à plusieurs milliards d’euros, avec les quelque 4,5 millions d’adultes consommateurs chez nos voisins.
- Comment ? D’une part avec des recettes fiscales, et ensuite, de manière indirecte via des économies dans les dépenses judiciaires et policières. Mais les estimations sont retombées à plusieurs centaines de… milliers d’euros.
- En fait, des magasins qui pourront vendre du cannabis et des produits contenant du THC n’arriveront que lors d’une prochaine étape, mais uniquement dans des districts et des villes sélectionnés, qui devront être nommés « régions modèles » pour une période de cinq ans.
« Un monstre bureaucratique »
La réponse : tout le monde est mécontent.
- Les médecins fustigent une loi qui est « une menace pour la santé mentale et les opportunités de développement des jeunes en Allemagne ».
- L’Association allemande des juges estime que les nombreuses réglementations détaillées sur ces « cannabis social clubs » et sur les livraisons de la drogue leur donneront beaucoup de travail. Des députés parlent déjà « d’un monstre bureaucratique ».
- L’opposition crie contre un projet de loi « médicalement irresponsable » qui porte « atteinte à la protection de la jeunesse et de la santé ». En outre, certains ont des doutes sur le fait que ce marché légal limitera le marché au noir : « Il est à craindre que le cannabis illégal ne soit très demandé en raison de sa puissance plus élevée et de ses prix moins chers », a déclaré le ministre de l’Intérieur de la ville-État de Hambourg, Andy Grote à la chaine NDR.
- Même du côté des partisans à la légalisation, on boude une réforme au règlement trop détaillé pour une légalisation qui ne va pas assez loin.