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Allemagne et Pays-Bas font beaucoup d’efforts pour dissuader leurs partenaires européens d’adopter un plafonnement des prix du gaz

Allemagne et Pays-Bas font beaucoup d’efforts pour dissuader leurs partenaires européens d’adopter un plafonnement des prix du gaz
Mark Rutte, Olaf Scholz et le champ gazier de Groningue. (JOHN MACDOUGALL/AFP via Getty Images, Cris Toala Olivares/Getty Images)

Reuters a mis la main sur un document préparatoire de la rencontre des ministres européens de l’Énergie, de cette semaine. Il émane de l’Allemagne et des Pays-Bas, qui proposent 10 mesures pour limiter les prix du gaz. Le plafonnement généralisé des prix n’en fait pas partie.

Vous le savez maintenant. Depuis des mois, deux camps s’opposent pour savoir s’il faut plafonner les prix du gaz au niveau européen. Le premier camp est mené par 15 pays, dont fait partie la Belgique. Le second est mené essentiellement par l’Allemagne et les Pays-Bas. L’Allemagne reste très dépendante du gaz russe et ne dispose pas de terminaux GNL, les Pays-Bas sont une plaque tournante du commerce du gaz. Leur indice, le TTF, est d’ailleurs le point de référence pour le prix du gaz européen. Il est aujourd’hui remis en cause, même par la Commission.

Indice des prix

Car la Commission, qui se rangeait dans un premier temps aux côtés du second camp, a finalement fait machine arrière, sous la pression. Ursula von der Leyen a ouvert la porte à un plafonnement des prix du gaz, en tout cas temporaire, le temps que « nous ayons développé un nouvel indice européen des prix qui assure un meilleur fonctionnement du marché. »

La présidente a expliqué que l’indice des prix de référence, le TTF néerlandais, « donne en effet trop de poids au gaz (russe) acheminé par gazoduc et pas assez au GNL (américain) ». Or depuis la crise ukrainienne, l’approvisionnement, comme vous le savez, a été complètement chamboulé.

Achat groupé

Pourtant, l’Allemagne et les Pays arrivent avec un nouveau plan. Parmi les 10 mesures proposées, aucune trace du plafonnement des prix du gaz. On retrouve par contre l’achat groupé du gaz, afin d’éviter qu’un pays ne surenchérisse sur un autre et ne fasse grimper les prix. En d’autres mots : on est plus fort ensemble. Acheter du gaz comme on l’a fait pour les vaccins donne au marché européen un poids beaucoup plus important économiquement.

Il faut aussi privilégier les partenaires non russes comme les États-Unis, la Norvège et l’Algérie. Personne n’est vraiment contre cette idée.

Plafonnement des prix

Les deux pays estiment par ailleurs qu’il faudrait fixer un nouveau prix de référence pour le GNL. Ils demandent à la Commission de développer ce projet tout en évaluant la possibilité d’adopter ce prix sur base volontaire.

Enfin, un plafonnement des prix du gaz russe est avancé, mais seulement s’il est réalisable pour les pays qu’il affecterait le plus, selon le document. Cette proposition a en fait déjà été suggérée par la Commission, mais assez vite abandonnée sous la pression des pays de l’Est, car ils craignent pour leur approvisionnement.

C’est aussi grosso modo l’argument de l’Allemagne et des Pays-Bas contre un plafonnement généralisé des prix. Il pourrait mettre en danger l’approvisionnement en envoyant le gaz vers des marchés plus attractifs financièrement. Un autre argument, quelque peu cynique, est qu’un prix trop bas pourrait faire exploser la consommation, et là aussi mettre en danger la sécurité d’approvisionnement en cas d’hiver rugueux.

D’autres pistes

Dans l’autre camp, certains suggèrent la solution du Portugal et de l’Espagne qui plafonnent les prix en rompant le lien avec les prix du gaz et de l’électricité. D’autres suggèrent de plafonner en se mettant sur les prix du marché asiatique. Enfin, d’autres encore, comme la Belgique, avancent l’idée d’un « serpent gazier », une limite des prix à la hausse et à la baisse autour d’un prix fixé.

Bref, il ne manque pas d’idées sur la table des ministres de l’Énergie. Le problème est que le temps presse, et que cela fait 7 mois que cette discussion traine. Quoi qu’il en soit, le Sommet informel de Prague de vendredi dernier entre les 27 a décidé de ne pas décider avant le prochain Sommet, le 20 et 21 octobre prochains.

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