Web Analytics

L’Allemagne a réussi à sortir de la récession, mais elle n’est pas sortie de l’auberge : ses patrons sont aussi pessimistes qu’avant

L’Allemagne a réussi à sortir de la récession, mais elle n’est pas sortie de l’auberge : ses patrons sont aussi pessimistes qu’avant
Olaf Scholz. (Christoph Soeder/picture alliance via Getty Images)

L’Allemagne est parvenue à éviter de justesse un troisième trimestre consécutif de contraction de son PIB. Pas de quoi sauter au plafond pour autant, et les entreprises en semblent bien conscientes.

Pourquoi est-ce important ?

L'Allemagne, première économie européenne, traverse des temps difficiles. Longtemps perçue comme la locomotive de l'UE, elle traîne la patte depuis de nombreux mois. Il est même probable que l'économie allemande termine l'année dans le rouge.

Dans l’actu : la récession officiellement évitée, les patrons toujours plus pessimistes.

  • Ce vendredi, on a appris que l’Allemagne était sortie de la récession lors du deuxième trimestre.
  • Dans le même temps, l’indice de confiance des entreprises a continué de plonger.

L’essentiel : croissance nulle.

  • Entre avril et juin 2022, l’économie allemande a affiché une croissance nulle, a annoncé l’institut Destatis.
    • Ce n’est pas une surprise, une première estimation ayant déjà indiqué cette tendance fin juillet. Mais cette fois, il s’agit des données définitives.
  • L’Allemagne échappe ainsi à un troisième trimestre de contraction de son PIB.
    • Le PIB allemand s’était contracté de 0,4% lors du dernier trimestre 2022 et de 0,1% lors du premier trimestre 2021, selon des données corrigées des variations saisonnières.
  • Une récession technique étant définie par deux trimestres consécutifs de contraction d’une économie, l’Allemagne en est donc sortie de justesse.

L’ex-premier de classe parmi les cancres

Les détails : rien de bien réjouissant.

  • L’Allemagne est certes sortie de la récession, mais cette stagnation de son économie reste de mauvais augure.
  • « Les perspectives à court et à long terme pour l’Allemagne semblent tout sauf roses », a ainsi déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie chez ING. « La faiblesse du pouvoir d’achat, la diminution des carnets de commandes industrielles, le ralentissement de l’économie chinoise et l’impact du resserrement monétaire le plus agressif depuis des décennies laissent présager une faible activité économique en Allemagne à l’avenir ».
    • La production industrielle n’a effectivement augmenté que de 0,1% lors du deuxième trimestre.
    • Quant aux exportations, elles ont baissé de 1,1%, notamment à cause d’une Chine moins demandeuse.
    • La consommation des ménages a affiché une croissance nulle, là où les dépenses publiques n’ont augmenté que de 0,1%.

Et après : dans le rouge sur un an ?

  • A priori, contrairement à la production industrielle, consommation privée devrait bientôt augmenter. Grâce à un marché du travail résilient, à une forte augmentation des salaires et à une diminution de l’inflation (toujours à 6,5% tout de même).
  • Cela ne devrait pas suffire à éviter un nouveau recul du PIB allemand lors du troisième trimestre de l’année, selon la plupart des analystes. Un rebond est attendu pour clore 2023, mais l’Allemagne devrait quand même finir l’année dans le rouge sur l’ensemble de l’année : entre -0,2 et -0,4%.
  • « Si nos prévisions pour le reste des quatre grandes économies de la zone euro sont correctes, cela signifie que l’Allemagne sera la moins performante d’entre elles », a commenté Melanie Debono, économiste pour l’Europe chez Pantheon Macroeconomys, citée par Reuters.

Les patrons allemands sont (très) pessimistes

À noter : les entreprises allemandes savent que ce n’est pas fini.

  • Les patrons allemands semblent conscients que leur pays n’est pas sorti de l’auberge. Ce vendredi, l’institut munichois Ifo a indiqué que son indice de confiance des entreprises vis-à-vis de la situation actuelle et de leurs attentes pour les six prochains mois avait chuté de 1,7 point en un mois pour s’établir à 85,7.
    • C’est le quatrième mois consécutif que cet indice descend.
    • Il atteint son niveau le plus bas depuis octobre de l’année dernière, soit lorsque le PIB allemand a commencé à se contracter.
  • Si on tient uniquement compte de la confiance des entreprises allemandes envers la situation actuelle, l’indice a même sombré à son plus bas niveau depuis août 2020.
    • Autrement dit, les patrons allemands sont aussi pessimistes aujourd’hui que quelques mois après le début de la pandémie de coronavirus.
Plus d'articles Premium
Plus