Les entreprises de l’agroalimentaire devraient être obligées de fournir la même qualité au public dans toute l’Union européenne. C’est Gabriela Matecna, ministre slovaque de l’Agriculture, qui a lancé cet appel. De nombreuses marques de produits alimentaires proposent à la vente en Europe de l’Est des produits dont la qualité est inférieure à celle de leur équivalent vendu sur les marchés d’Europe de l’Ouest. La politicienne slovaque appelle également à des mesures pour lutter contre ce problème.Selon Matecna, une solution est possible dans le cadre réglementaire actuel. D’autres politiciens d’Europe de l’Est appellent à des sanctions financières.« La recherche a montré entre autres que la pizza à la mozzarella de Oetker en Slovaquie contient moins de fromage que celle qui est vendue dans l’Autriche voisine», a déclaré Gabriela Matecna. « Les produits de la pêche Iglo qui sont commercialisés en Slovaquie intègrent seulement 53,3 % de poisson, contre 59,6 % en Autriche ».« Dans un certain nombre d’autres pays d’Europe de l’Est et dans des pays baltes, on constate des différences similaires. Les entreprises du secteur agroalimentaire appliquent clairement des normes différentes au marché européen. »
Apartheid
Gabriela Matecna a fait remonter ce problème l’année dernière. Le Premier ministre bulgare Boyko Borisov avait alors décrit cette pratique comme une forme européenne d’apartheid.Il n’y a pas de loi qui oblige les entreprises agroalimentaires à produire le même produit pour chaque pays. « Un certain nombre de raisons expliquent pourquoi les produits sont parfois commercialisés sous une autre forme », affirment les porte-parole de Oetker et Iglo. « Entre autres, les recettes doivent souvent être adaptées aux goûts locaux. De plus, souvent, on utilise des matériaux disponibles localement. Il faut également tenir compte des habitudes alimentaires de la population locale. Enfin, il existe des lignes directrices nationales souvent spécifiques, qui doivent être suivies ».« Par conséquent, les produits ayant un contenu et un volume différents sur différents marchés européens peuvent être vendus à des prix différents », commente le syndicat européen du secteur FoodDrinkEurope. « Il est inconcevable que des produits avec une qualité inférieure soient commercialisés sur les marchés des pays d’Europe de l’Est. »Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a souligné dans sa dernière déclaration de politique générale qu’une telle pratique serait inacceptable. Il a promis un budget de 1 million d’euros aux autorités nationales pour la sécurité alimentaire afin d’effectuer les tests nécessaires.L’Union Européenne ne prévoit cependant pas d’adopter une législation appropriée. « Si la législation existante était correctement appliquée, le problème serait résolu », assure Gabriela Matecna. « Les amendes sont le dernier recours. »Mais d’autres politiciens veulent aller plus loin. Notamment Lubomir Zaoralek, le ministre tchèque des Affaires étrangères, qui estime qu’il faut envisager des sanctions. Pour le moment, selon lui, on a le sentiment que les pays d’Europe de l’Est sont traités comme une poubelle pour l’Occident.