Ce qui était dans l’air depuis plusieurs jours est maintenant officiel: le Premier ministre néerlandais Mark Rutte va présenter la démission de son gouvernement au Roi. La nouvelle est annoncée par la presse nationale. Rutte donnera bientôt une conférence de presse.
La chute du gouvernement néerlandais est le résultat d’un scandale qui a débuté en 2013. Il a été révélé qu’un gang bulgare avait abusé des allocations familiales en venant vivre aux Pays-Bas. Ces personnes s’enregistraient à la commune et demandaient rétroactivement jusqu’à 8000 euros par personne de prestations de soins de santé et de loyer. Les autorités fiscales ayant accordé les paiement avant de procéder à des vérifications, elles ont été la cible de vives critiques. Une fois l’argent obtenu, les fraudeurs ont disparu dans la nature et n’ont pas pu être poursuivis.
Après cette affaire, les autorités fiscales ont fait des pieds et des mains pour récupérer tout l’argent perdu. En réaction, le service a accusé de fraude, à tort, 26.000 familles. Celles-ci ont dû rembourser des dizaines de milliers d’euros. Malgré leurs protestations, les familles se sont senties ‘impuissantes face aux puissantes institutions’. À la fin de l’année dernière, une commission d’enquête parlementaire a publié un rapport qui blâmait le gouvernement, le fisc et le Parlement pour « les citoyens qui ne reçoivent pas la protection qu’ils méritent ».
Réunion de crise
Ces derniers jours, la pression exercée sur Mark Rutte pour que celui-ci présente sa démission s’était accentuée.
Le chef de l’opposition, Lodewijk Asscher (PvdA), a quant à lui annoncé qu’il ne se présenterait plus aux élections législatives prévues le 17 mars prochain. Selon le rapport, en tant que ministre des Affaires sociales au sein du précédent gouvernement Rutte, Asscher a été ‘responsable d’une injustice sans précédent’.
Ces dernières semaines, des consultations de crise ont eu lieu au sein du gouvernement néerlandais, ce qui a finalement conduit à sa chute ce vendredi. Deux mois avant les élections, il semble donc que Rutte ne pourra pas poursuivre prendre les rênes d’un troisième gouvernement.
Affaires courantes
Cette démission ne signifie pas pour autant que de nouvelles élections devront être organisées. Le gouvernement restera en place jusqu’au 17 mars, mais ne prendra des décisions que sur des questions importantes, comme la crise du coronavirus. C’est comparable à ce qu’on a connu en Belgique entre 2018 et 2020, avec le gouvernement en affaires courantes dirigé par Charles Michel puis par Sophie Wilmès. Bien sûr, un tel gouvernement a moins d’influence et peut s’attendre à un travail plus robuste de l’opposition.