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Adhésion de l’Ukraine à l’UE : comment Olaf Scholz a fait sortir Orban de la pièce pour permettre un accord

Adhésion de l’Ukraine à l’UE : comment Olaf Scholz a fait sortir Orban de la pièce pour permettre un accord
Mette Frederiksen, Alexander De Croo, Viktor Orban, Charles Michel – Valeria Mongelli/Bloomberg via Getty Images

« C’est un moment historique. » Quand Charles Michel a débarqué dans la salle de presse pour annoncer un accord sur l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, beaucoup ont été surpris. Car le Premier ministre hongrois Orban bloquait jusque-là tout accord.

  • « Deux concessions pour un seul sommet, c’était trop pour la Hongrie », a déclaré un diplomate proche des négociations à Politico. L’accord sur le programme d’aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros est reporté à une réunion extraordinaire en janvier. Par contre, l’Ukraine – et la Moldavie – entrent officiellement dans le processus d’adhésion à l’Union européenne.
  • Techniquement, cette décision devait se faire à l’unanimité. Or, Viktor Orban menaçait d’opposer son véto depuis des jours. Après des heures de discussion, le chancelier allemand Olaf Scholz a entrepris une démarche plutôt surprenante : il a suggéré à Orban de quitter la salle de réunion des Vingt-Sept pour prendre un café dans une salle annexe, s’il le souhaitait.
  • L’idée, c’était de permettre aux 26 autres dirigeants restant d’approuver la voie d’adhésion de l’Ukraine avec l’unanimité requise, ce qui, selon les règles de l’UE, est également permis en cas d’absence de l’un des dirigeants.
  • Olaf Scholz et Orban se sont entretenu un bref moment. Le Premier ministre hongrois a finalement décidé de quitter la salle, permettant ainsi l’accord historique. « La Hongrie ne veut pas participer à cette mauvaise décision ! », a partagé le dirigeant hongrois sur Facebook dans la foulée, lui permettant ainsi de sauver la face.
  • Dans les faits, les 26 ont démonté un par un les arguments hongrois durant de longues heures. Orban est arrivé au sommet avec l’intention de démontrer que l’Ukraine comportait trop de déficits en matière d’État de droit et que la Commission avait fait une erreur dans son évaluation. Les arguments du dirigeant hongrois ont été jugés peu convaincants et la proposition d’Olaf Scholz est arrivée pile au bon moment, selon une source.
  • D’autres estiment que la position inflexible d’Orban relevait plus du théâtre : « Un petit pays comme la Hongrie ne peut pas faire grand-chose politiquement pour s’opposer réellement à une décision aussi importante », a glissé un autre diplomate à Politico.
  • Olaf Scholz, jusque-là très critiqué dans son rôle de négociateur européen, souffrant notamment de la comparaison avec Angela Merkel, a été chaleureusement félicité par Volodymyr Zelensky sur X. En Ukraine, le chancelier allemand était parfois vu comme un ennemi au début du conflit. « Désolé pour toutes les fois où nous nous sommes moqués de toi Olaf », a écrit l’influent blogueur Saint Javelin. « Vous êtes un vrai ami. »
  • Viktor Orban n’a toutefois pas dit son dernier mot : il aura encore de nombreuses occasions de mettre des bâtons dans les roues du processus d’adhésion de l’Ukraine. Et il a obtenu la chose la plus importante, un jour avant le sommet : le déblocage de 10 milliards d’euros de la Commission.
  • Interrogé sur l’attitude du dirigeant hongrois, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) s’est montré ferme : « Tout le monde connaît les règles du jeu. Soit, on prend part à une décision, soit on garde sa bouche fermée« , a-t-il asséné, avant de se rendre compte qu’il « n’aurait pas dû dire ça ».
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