Si l’Europe a réussi à importer (plus que) suffisamment de gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau l’hiver dernier pour éviter une crise énergétique, elle risque d’avoir plus de mal à le faire cette année.
Alors que la Chine signe des contrats à long terme, l’Europe achète toujours au comptant : vers une nouvelle hausse du prix du GNL ?

Pourquoi est-ce important ?
Le marché européen du gaz naturel a été fondamentalement remodelé l'année dernière après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En effet, avant la guerre, l'UE importait la moitié de son gaz naturel de Russie. Aujourd'hui, elle est contrainte d'importer du gaz naturel par bateau depuis les États-Unis, le Qatar, le Nigeria et une multitude d'autres pays. En 2022, les importations européennes de GNL ont augmenté de 60% par rapport à l'année précédente.L’essentiel : en 2022, l’UE a principalement acheté du GNL sur le marché au comptant (aussi appelé spot), très onéreux, mais n’a pas pu conclure suffisamment de contrats à long terme avec les fournisseurs.
- À court terme, cela permettait de disposer de suffisamment de gaz naturel pour passer l’hiver. Mais en achetant principalement sur le marché au comptant, le prix a considérablement augmenté. Selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’UE a dépensé 190 milliards de dollars en GNL, soit trois fois plus que l’année précédente.
- Selon un rapport de Reuters, la soif de gaz naturel liquéfié de l’Europe est telle que les importations ont représenté en 2022 un tiers du marché mondial au comptant. Un an plus tôt, ce chiffre n’était que de 13%.
- Si l’UE ne signe pas de contrats à long terme, comme le font en grand nombre des pays comme la Chine, elle risque de payer le GNL plus cher que nécessaire dans les années à venir. Mais les chances que cela se produise sont minces. En effet, l’UE souhaite se détourner rapidement des combustibles fossiles, ce qui signifie que les contrats à long terme sont exclus.
Pendant ce temps, en Asie
À noter : Alors que l’Europe a peur de s’engager, les pays asiatiques, principalement la Chine, sont très heureux de signer des contrats à long terme.
- La soif chinoise de GNL date d’avant la guerre en Ukraine. En 2021, la Chine a même dépassé le Japon en tant que plus grand importateur. Bien que le Japon ait importé davantage l’année dernière, la Chine est bien placée pour dominer le marché du GNL dans les années à venir. En effet, les entreprises chinoises ont signé l’année dernière le plus grand nombre de contrats à long terme pour le GNL dans le monde.
- D’autres pays de la région, dont le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, ont également signé des contrats de GNL à long terme ces dernières années. En fait, la demande est si forte que les contrats à long terme sont pratiquement épuisés jusqu’en 2026, rapporte Oilprice.com.
(SR)