Principaux renseignements
- L’imposition par les États-Unis de droits de douane de 39 pour cent sur les exportations suisses a alimenté les réactions politiques contre l’achat prévu par la Suisse d’avions de combat F-35.
- Les dépassements de coûts et l’absence de garanties de prix dans le cadre des ventes militaires à l’étranger des États-Unis suscitent des inquiétudes parmi les législateurs suisses quant à la viabilité de l’accord.
- La Suisse réévalue sa dépendance à l’égard des Etats-Unis en tant que partenaire de sécurité et envisage des « alternatives souveraines » alignées sur des partenaires européens, ce qui pourrait faire évoluer sa politique étrangère vers un plus grand alignement sur l’UE.
La décision de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 39 pour cent sur les exportations suisses a déclenché une réaction politique contre l’acquisition prévue par la Suisse d’avions de combat F-35 auprès des États-Unis. C’est ce que rapporte Politico. Ce tarif, le plus élevé imposé à une nation développée, représente plus du double du taux prélevé sur l’Union européenne.
Controverse politique autour de l’achat des F-35
La sélection par la Suisse du Lockheed Martin F-35 par rapport au Dassault Rafale français en 2021 a déjà suscité la controverse, ce qui aurait tendu les relations avec le président français Emmanuel Macron. Au niveau national, le projet de 6 milliards de francs (6,36 milliards d’euros) a passé de justesse un référendum avec seulement 50,1 pour cent de soutien, reflétant les réserves de l’opinion publique sur cette dépense militaire substantielle.
Pour ajouter à ces inquiétudes, Washington a récemment informé Berne que le coût final des F-35 pourrait dépasser les prévisions initiales de plus d’un milliard de francs (1,06 milliard d’euro). Contrairement aux accords de défense européens à prix fixe, le cadre des ventes militaires à l’étranger des États-Unis ne comporte pas de garanties de prix. Les législateurs suisses sont de plus en plus critiques à l’égard de cet accord, considérant les Etats-Unis comme un partenaire peu fiable en matière de sécurité.
Appel à dénoncer l’accord
Le parti des Verts en Suisse a officiellement proposé d’annuler la commande de F-35, en plaidant pour une « alternative souveraine » alignée sur les partenaires européens. Selon eux, la décision tarifaire américaine met en évidence le manque de fiabilité des États-Unis et souligne la nécessité de diversifier les partenariats de défense de la Suisse.
Alors que le gouvernement suisse maintient son engagement dans l’achat de F-35, citant la nécessité de capacités de défense aérienne, les tarifs douaniers incitent à réévaluer la viabilité de l’accord. Le politologue Oscar Mazzoleni note que la perception de la Suisse en tant qu’allié privilégié des Etats-Unis a été ébranlée. Il prédit une évolution de la politique étrangère suisse vers un plus grand alignement sur l’Union européenne.
Les nations européennes repensent les achats de F-35
La Suisse n’est pas la seule à réévaluer ses plans d’acquisition du F-35. L’Espagne a récemment exclu d’acheter l’avion, optant plutôt pour des alternatives fabriquées en Europe comme l’Eurofighter et le Future Combat Air System. Le Portugal se montre également réticent à l’égard des F-352
Lockheed Martin a refusé de commenter directement l’affaire, déclarant que les ventes militaires à l’étranger sont des transactions de gouvernement à gouvernement.

