En août dernier, plusieurs médias ont rapporté que les États-Unis et l’Arabie Saoudite auraient convenu des grandes lignes d’un accord par lequel cette dernière reconnaîtrait Israël. Cependant, suite au massacre sanglant perpétré par le Hamas en Israël samedi et à la réplique de l’État juif, une telle issue semble désormais hautement improbable.

Dans l’actu : Plusieurs spécialistes du Moyen-Orient estiment que les négociations devant mener à un tel accord deviennent dorénavant impossibles. Un tel accord serait de loin l’accord de paix le plus significatif au Moyen-Orient depuis une génération.

De quoi s’agit-il exactement ? Selon des personnes impliquées dans les négociations, en échange de la reconnaissance par l’Arabie Saoudite, l’État juif devait faire une proposition qui rapprocherait la création d’un État palestinien indépendant.

• L’accord devait être officialisé avant les élections présidentielles américaines de novembre 2024. Les États-Unis prendraient en charge la défense de l’Arabie Saoudite en échange de sa reconnaissance de l’État juif.
• De plus, les États-Unis aideraient les Saoudiens dans le développement de l’énergie nucléaire à des fins civiles.

Plus aucun soutien en Israël pour un accord avec l’Arabie Saoudite

Que se passe-t-il maintenant ? Selon Ian Bremmer, CEO du cabinet de conseil en risques politiques Eurasia, l’accord entre Israël et l’Arabie Saoudite est définitivement révolu.

• « Si le Hamas a atteint un de ses objectifs, ce serait celui-ci. Bien que le gouvernement saoudien n’ait pas appuyé les attaques contre Israël, il a toutefois affirmé qu’Israël portait la responsabilité des privations imposées aux Palestiniens. »
• Selon Bremmer, après cette réponse officielle des Saoudiens, il n’y a plus de place en Israël pour faciliter un accord entre les deux pays.

Le Hamas et l’Iran ne tiennent pas compte des Accords d’Abraham

L’ancien ambassadeur de France en Israël, Gérard Araud, partage cet avis. Selon lui, l’un des objectifs du Hamas est d’empêcher l’extension des Accords d’Abraham à l’Arabie Saoudite.

• Conclus en 2020 grâce à la médiation américaine sous la présidence de Donald Trump, ces accords ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn et plus tard le Maroc.
• « Depuis des mois, l’administration Biden travaille sur un projet visant à étendre les Accords d’Abraham, qui furent le grand succès diplomatique de l’administration Trump, à l’Arabie Saoudite, pays majeur du Golfe. Cela marquerait une rupture historique. Il est donc compréhensible que le Hamas et l’Iran aient un intérêt profond à faire dérailler cette initiative. Et il est évident que l’attaque du Hamas rend probablement sa réalisation très difficile. Si de nombreux civils palestiniens sont tués, il serait complexe pour les Saoudiens de poursuivre leur rapprochement avec Israël.

« Le Hamas ne pourra jamais être un partenaire pour la paix »

L’expert du Moyen-Orient, Thomas Friedman, partage cette opinion.

• « Le véritable objectif de cette attaque, approuvée par les bailleurs de fonds du Hamas en Iran, est de faire échouer la ‘normalisation naissante des relations’ entre Israël et l’Arabie Saoudite. Cet accord, qui est désormais mis en suspens, aurait scellé une alliance entre l’État juif et les États sunnites du Golfe Persique contre l’Iran, probablement au profit du rival plus modéré du Hamas, l’Autorité palestinienne. Au bout du compte, le Hamas ne pourra jamais être un véritable partenaire pour la paix. Le meilleur espoir actuellement est que cette ‘mafia islamique’ soit définitivement écartée. Car sinon, tôt ou tard, nous nous retrouverons exactement dans la même situation, voire pire. »

(SR)