Un vœu à 200 milliards d’euros pour la nouvelle année : notre énorme potentiel de prospérité supplémentaire

En nous accrochant désespérément au statu quo, nous passons à côté d’un énorme potentiel de prospérité supplémentaire en Belgique. La campagne électorale et la formation du gouvernement qui s’ensuit pourraient-elles porter principalement sur la manière dont nous pouvons mettre en place conjointement un programme de réformes pour réaliser ce potentiel ?  

2024 sera l’année des élections. Avec notamment les élections cruciales aux États-Unis en novembre. Ici, chez nous, l’accent est essentiellement mis sur le 9 juin, date à laquelle nous allons tous voter. Les premiers contours de la campagne électorale semblent se dessiner entre la N-VA avertissant que notre prospérité est en danger à cause d’un gouvernement qui se dirige vers la faillite, le Premier ministre De Croo indiquant que notre économie se porte bien et que nous sommes effectivement sur la bonne voie, et le PS qui semble viser principalement un État-providence plus étendu et ne se soucie pas trop de l’état de nos finances publiques. Il y a quelque chose à dire sur chacun de ces points de vue, même s’ils donnent chacun une image déformée. 

Pas préparés

Aujourd’hui, la Belgique est l’un des pays les plus prospères au monde. Nous ne sommes certainement pas « la Grèce de la mer du Nord ». Et nous ne le deviendrons pas de si tôt. Notre économie a plutôt bien résisté aux récentes crises, surtout grâce à des solutions à court terme. Notre système vise en grande partie à sauvegarder le statu quo. Cela aide notre économie à rester à flot en période de crise, comme cela a été confirmé ces dernières années. Mais dans un monde en évolution de plus en plus rapide, notamment en matière de transition démographique, durable, numérique et géopolitique, préserver le statu quo est moins un atout qu’un handicap.  

La croissance de la productivité. Source : Commission européenne.

Nous ne sommes pas bien préparés pour relever les défis majeurs qui nous attendent, tels que le vieillissement de la population et la transition durable. Et nos finances publiques suivent actuellement une trajectoire qui n’est pas viable à long terme. Sans interventions profondes, notre dette publique déraillera dans les décennies à venir. De plus, malgré notre prospérité et notre gouvernement de grande taille, trop de personnes risquent d’être laissées pour compte. En 2022, 2.140.000 compatriotes étaient confrontés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (avec des différences régionales notables). Les risques de pauvreté sont particulièrement élevés pour les personnes qui ne travaillent pas.

Un énorme potentiel de prospérité supplémentaire  

La campagne menace de se transformer en une longue série de débats stériles, de promesses irréalistes et d’anecdotes court-termistes. Pourtant, une stratégie économique pourrait être élaborée qui répond largement aux objectifs de presque tous les partis du centre. En effet, nous sommes un pays prospère, mais nous laissons beaucoup de prospérité potentielle inexploitée. Les simulations des institutions internationales soulignent systématiquement l’énorme potentiel de réforme de notre économie. Par exemple, une simulation de l’OCDE montre l’impact potentiel d’un ensemble de réformes axées sur des marchés plus efficaces (plus de concurrence), une politique du marché du travail plus activatrice et un allongement de la vie professionnelle, des efforts supplémentaires en R&D et davantage d’investissements publics. Si nous devions adopter les meilleures pratiques des pays industrialisés dans ces domaines d’ici 2030, cela augmenterait notre prospérité d’un tiers à long terme. En euros d’aujourd’hui, cela correspond à environ 200 milliards supplémentaires. 

Notre potentiel structurel. Source : OCDE.

Via un large éventail de réformes structurelles, où nous n’avons pas besoin d’inventer des solutions miraculeuses spectaculaires, mais simplement d’adopter ce qui fonctionne déjà dans d’autres pays, nous pouvons sensiblement augmenter notre prospérité à long terme, résoudre nos problèmes budgétaires, renforcer considérablement notre État-providence et financer la transition durable.

Mon souhait (certes optimiste) pour 2024 est que la campagne et la formation ultérieure du gouvernement portent principalement sur la manière dont nous pouvons mettre en place ensemble un tel programme de réforme. Nous en tirerons tous des bénéfices à long terme.


L’auteur Bart Van Craeynest est économiste en chef au Voka et auteur de Belgïe kan beter.

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