Il est incontestable que les combustibles fossiles émettent des gaz à effet de serre. Mais certains d’entre eux, en particulier le charbon, émettent davantage lors de leur combustion que, par exemple, le gaz naturel ou le pétrole. Toutefois, selon une nouvelle étude, qui prend en compte non seulement la combustion, mais aussi les émissions secondaires liées à l’extraction et au transport du gaz, le gaz naturel pourrait avoir un impact plus important sur le climat que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
Dans l’actualité : selon une étude évaluée par des pairs et publiée dans la revue Environmental Research Letters, les émissions totales du gaz naturel pourraient être aussi élevées que celles du charbon.
- En brûlant, le charbon produit deux fois plus de CO2 que le gaz naturel. Mais l’extraction du gaz naturel libère du méthane, un gaz à effet de serre qui peut conserver 25 fois plus de chaleur par molécule dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone.
- Selon l’étude publiée lundi, même une petite quantité de méthane libérée lors de la production et du transport du gaz naturel peut avoir un impact significatif sur le climat. Si seulement 0,2 % du méthane s’échappe de la chaîne gazière, les dommages seraient déjà aussi importants que ceux causés par l’industrie du charbon.
- Toutefois, le document cite des études mesurant le pourcentage de méthane qui s’échappe des zones de production existantes, tant aux États-Unis qu’à l’étranger. Ces études montrent que le taux de fuite est beaucoup plus élevé, allant de 0,65 % à 66,2 % dans certains endroits.
- Les auteurs de l’étude ont pris en compte toutes les étapes de la production, pour les deux sources d’énergie, car l’extraction du charbon libère également du méthane.
- Autre fait notable : la combustion du charbon libère également du dioxyde de soufre (SO2), une molécule qui empêche la lumière du soleil de pénétrer dans l’atmosphère et compense ainsi une partie du réchauffement dû au CO2. Il est toutefois important de noter que le SO2 peut provoquer des problèmes cardiaques et pulmonaires et qu’il est également à l’origine des pluies acides.
Mauvaise nouvelle pour l’industrie du gaz naturel
La nouvelle arrive juste au moment où les entreprises du secteur de l’énergie cherchent à réinvestir dans l’exploration du gaz naturel.
- Les géants de l’énergie tels qu’ExxonMobil et Shell estiment que le gaz naturel, en particulier le gaz naturel liquéfié (GNL), continuera à jouer un rôle majeur dans l’approvisionnement énergétique au cours des prochaines décennies. Ils le considèrent comme la meilleure alternative au charbon et souhaitent par ailleurs se concentrer davantage sur le captage et le stockage du carbone, plutôt que d’investir de plus en plus dans les énergies renouvelables.
- Ils estiment que si le gaz naturel disparaît, l’énergie en général deviendra beaucoup plus chère. L’Europe en est un exemple : l’année dernière, les prix du gaz naturel ont été multipliés par dix après l’épuisement partiel de l’approvisionnement en provenance de Russie. Cela a été un facteur important de hausse de l’inflation sur le Vieux Continent.
- Les détracteurs accusent toutefois les entreprises de green washing et de mettre de côté les objectifs climatiques pour faire plus de profits. Cette dernière étude renforce leur argumentaire.
MB