Volte-face d’Erdogan qui ne s’oppose plus à l’entrée de la Suède dans l’OTAN : ce qui lui a été promis

Après de très longues discussions, l’OTAN va voir son flanc nord-est renforcé, grâce au sésame du sultan fraichement réélu d’Ankara.

Pourquoi est-ce important ?

L'arrivée de tout nouveau pays-membre de l'Alliance atlantique doit être acceptée à l'unanimité des pays déjà membres. Or, si l'entrée de la Finlande ne semblait pas poser grand problème, la Turquie opposait jusqu'ici son veto à la candidature suédoise.

Dans l’actualité : l’actuel grand chef de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, vient d’annoncer sur Twitter que sa réunion avec le président turc Erdogan et le Premier ministre suédois Ulf Kristersson s’était conclue sous de bons auspices, photo à l’appui au sommet de l’Alliance à Vilnius.

Difficile évidemment d’indiquer avec certitude ce qui s’est dit. Mais une annonce aussi claire et optimiste ne veut dire qu’une chose : le président turc a accepté de laisser la Suède rejoindre l’OTAN. Contre quelles contreparties, c’est toute la question ?

  • Après le oui du bout des lèvres de la Hongrie, il ne manquait plus que celui de la Turquie.
  • Un oui qu’Ankara faisait miroiter depuis des mois. Nul doute que la réélection d’Erdogan en mai dernier a pesé dans la balance : il a profité durant sa campagne de cette position d’intransigeance envers l’Occident.
  • La Suède et l’OTAN ont souligné que Stockholm avait modifié sa législation, étendu sa coopération en matière de lutte contre le terrorisme à l’encontre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et relancé les exportations d’armes vers la Turquie, indique le toujours très bien renseigné média spécialisé en matières européennes, Politico.
  • Le chef de l’OTAN Stoltenberg a également accepté de créer un nouveau poste : celui « coordinateur spécial pour la lutte contre le terrorisme » au sein de l’OTAN.
  • Le Sultan avait conditionné son accord à la réouverture du dossier turc dans sa demande d’adhésion à l’UE. Dans ce cadre, le président turc Erdogan a rencontré le président du Conseil européen Charles Michel. Ce dernier a parlé d’une « bonne réunion » où les deux hommes « ont exploré les opportunités à venir » pour ramener la coopération entre l’UE et la Turquie, et pour « redynamiser les relations ».
  • De son côté, la Suède a déclaré qu’elle allait soutenir « soutenir activement les efforts visant à revigorer » la candidature de la Turquie dans le processus d’adhésion au sein de l’Union européenne, mais aucune promesse des institutions elles-mêmes ou des pays membres n’a été faite.
  • Enfin, et ça n’est évidemment pas un hasard : Erdogan a fait subir une série de camouflets à Vladimir Poutine, ces derniers jours. Il a entre autres déclaré qu’il était prêt à défendre l’accord sur les céréales ukrainiennes en déployant sa marine pour protéger les convois d’une interception russe. Une manière de peser en tant que pilier oriental de l’Alliance, car toute attaque des Russes contre des navires turcs serait une attaque contre l’OTAN au complet.
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