« Stop and go » pour la Fed : une nouvelle stratégie qui va devoir faire ses preuves

Pour la première fois après 10 hausses consécutives, la banque centrale américaine a opté pour des taux inchangés ce mois-ci, tout en annonçant d’autres hausses ultérieures de 25 points de pour cent. Une stratégie qui rappelle celle de la fin des années 1970. Et ça n’avait guère fonctionné.

Le contexte : sous la présidence de Paul Volcker entre 1979 et 1987, la Fed, pour contrer l’inflation, alternait une hausse des taux d’intérêt pour réduire l’inflation et une baisse pour stimuler la croissance économique, rappelle CNN. Or, à chaque fois qu’elle relâchait les taux, l’inflation augmentait à nouveau, sapant ses efforts.

La décision de la Fed : on ne peut s’empêcher de tracer un parallèle avec la décision d’hier soir. Pas de hausse en juin, la première décision de ce genre depuis des mois, mais encore au moins deux petites hausses avant la fin de l’année. Rappelons quand même qu’entre 5 et 5,25%, les taux n’avaient pas été aussi hauts depuis 2006.

  • « Nous avons parcouru beaucoup de chemin et les effets de notre resserrement ne se sont pas encore fait pleinement sentir. […] Il pourrait être judicieux que les taux augmentent, mais à un rythme plus modéré » a résumé le président de la banque centrale Jerome Powell, mercredi soir.
  • Les économistes sont partagés : si certains rappellent le passé, d’autres soulignent que la situation n’est pas tout à fait la même.

« Ils semblent déterminés à éviter l’erreur des années 1970, qui consistait à relâcher trop rapidement la pression alors que l’inflation s’essoufflait et que le chômage augmentait. La pause de la Fed n’aura pas nécessairement d’implications négatives pour l’inflation. Cela dépend de la suite des événements. »

Donald Kohn, ancien vice-président de la Fed, cité par CNN

D’autres ne sont pas si confiants, car la Fed prend un risque : voir une inflation qui semblait sous contrôle devenir soudainement bien plus collante. Et qui continuerait à peser sur l’économie américaine plus longtemps que nécessaire, sapant le pouvoir d’achat des ménages. Pour rappel, elle tourne autour de 4% alors que la Fed veut la ramener à 2%, mais elle était montée jusqu’à 9%.

  • La Fed s’est donné six semaines pour constater les effets de sa décision. La nouvelle réunion de la banque centrale est prévue pour les 25 et 26 juillet prochains.
  • Cette décision a poussé vers le haut le Federal Open Market Committee (FOMC), le contrôleur de toutes les opérations d’open market aux États-Unis. Le « diagramme à points » dans lequel les membres individuels du FOMC indiquent leurs attentes en matière de taux à plus long terme est à un taux de fonds de 5,6 % d’ici à la fin de 2023.
  • Certains analystes estiment qu’en passant une hausse pour en promettre deux autres, la Fed a réussi à être encore plus radicale dans sa politique, tout en donnant l’impression du contraire. Elle n’a toutefois pas confirmé si cela voulait dire une hausse automatique en juillet.
Plus