Depuis plusieurs mois, les pays de l’UE débattent (difficilement) autour des réformes à mener dans le bloc pour accélérer la transition énergétique. La France, fervente défenseuse du nucléaire, persiste et signe : l’atome doit être considéré comme vert dans les textes européens.
La France prête à tout pour défendre le nucléaire : « Nous ne céderons jamais sur notre indépendance, c’est dans l’intérêt de toute l’Europe »
Pourquoi est-ce important ?
Désireux d'accélérer la transition énergétique, les pays européens tentent de se mettre d'accord sur de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Problème : s'ils sont (plus ou moins) d'accord sur les chiffres à atteindre, ils ne le sont pas pour la marche à suivre pour y arriver. Avec un duel entre ses deux moteurs : la France (pro-nucléaire) face à l'Allemagne (anti-nucléaire).Dans l’actu : la France rappelle encore sa détermination.
- Ce jeudi, le ministre français des Finances Bruno Le Maire a tenu un nouveau discours « pro-nucléaire« .
- Ses déclarations ont le mérite d’être claires : Paris se battra jusqu’au bout pour que le nucléaire conserve une place importante dans le mix électrique français… et pour que cela permette de satisfaire les directives européennes en la matière.
Le détail : des déclarations fortes.
- « Le nucléaire est une ligne rouge absolue pour la France. Et la France ne renoncera à aucun de ses avantages compétitifs liés à l’énergie nucléaire », a assuré Le Maire à l’occasion d’un colloque de l’Union française de l’électricité. « Le nucléaire français n’est pas négociable et ne sera jamais négociable. Il faudra faire avec et nous sommes convaincus qu’il est non seulement dans l’intérêt de la France, mais également dans l’intérêt du continent européen. »
- « Tous ceux qui pensent qu’ils pourraient faire reculer la France sur l’énergie nucléaire par quelque moyen que ce soit se trompent lourdement, nous ne céderons jamais sur l’indépendance de la France », a-t-il ajouté.
- Selon lui, le nucléaire permet et permettra aux Français de « payer le juste prix, c’est-à-dire un prix stable, un prix proche du coût de production électrique nationale et un prix qui garantisse une compétitivité de l’industrie nationale face à la concurrence européenne et face à la concurrence internationale ».
- Le ministre français a également directement épinglé l’Allemagne, l’un de ses principaux adversaires dans sa volonté d’accorder la meilleure place possible à l’atome dans les textes européens.
- « Chacun doit respecter les choix souverains de chaque nation en matière de mix énergétique. L’Allemagne a indiqué qu’elle respecterait les choix français en matière énergétique. C’est une bonne nouvelle. Nous avons toujours respecté les choix allemands. Et il ne me viendrait pas à l’idée (…) d’aller critiquer les choix énergétiques de telle ou telle nation », a-t-il déclaré.
- Peu avant les déclarations de Le Maire, le secrétaire d’État allemand à l’Économie et au Climat Stefan Wenzl avait déclaré que, bien que l’Allemagne « respecte les choix divergents […] d’autres États membres comme la France qui peuvent contribuer de manière similaire à atteindre la neutralité climatique », elle « ne peut pas accepter que l’énergie nucléaire soit définie comme renouvelable ».
Blocage toujours en cours
Le contexte : une RED toujours bloquée.
- Comme nous vous l’expliquions ici, mi-mai, la France a bloqué in extremis la validation finale de la directive sur les énergies renouvelables (RED III) afin de s’assurer que le texte soit le plus favorable possible au nucléaire. Une décision qui a beaucoup irrité certains de ses partenaires européens.
- Pour rappel, ce texte est considéré comme primordial pour rendre possible les objectifs européens de la réduction des gaz à effet de serre de 55% et du passage de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE à 42,5% d’ici 2030.
- C’est plus particulièrement l’article 22 du texte, relatif à l’hydrogène issu du nucléaire, qui ne convient pas à la France. Alors qu’un compromis avait été trouvé quelques semaines plus tôt pour satisfaire chaque partie, Paris a finalement estimé que les conditions encadrant son utilisation n’étaient pas assez favorables.