L’inflation des prix à la consommation en Chine a ralenti en avril pour atteindre son niveau le plus bas depuis plus de deux ans, tandis que la déflation des prix à la production s’aggrave. Ces mauvais indicateurs pourraient inciter le gouvernement à prendre de nouvelles mesures de relances économiques.
La Chine est embourbée dans sa relance qui ne prend pas : l’inflation, trop faible, menace d’une spirale dépressive

Pourquoi est-ce important ?
Les autorités chinoises ont mis fin sans préavis le 7 décembre 2022 à la plupart des strictes mesures sanitaires contre le Covid-19. Six mois plus tard, la vraie relance économique y est encore attendue de pied ferme. Au bout du tunnel de ce ralentissement de la deuxième économie mondiale, l'ombre d'une baisse de régime à l'échelle globale se profile.Dans l’actu : Les données sur l’inflation chinoise sont loin d’être réjouissantes.
- L’indice des prix à la consommation (CPI) en avril a augmenté de 0,1% en glissement annuel, le taux le plus bas depuis février 2021.
- Ce résultat est inférieur aux prévisions, l’indice CPI ayant été attendu en hausse de 0,4% le mois dernier.
- De son côté, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix des aliments et de l’énergie, a augmenté de 0,1% par rapport au mois précédent pour atteindre 0,7%, en glissement annuel, au même rythme que le mois précédent.
- Autre mauvaise nouvelle : la déflation des prix à la production s’est aggravée : l’indice des prix à la production (PPI) a chuté de 3,6% en glissement annuel, après une baisse de 2,5% le mois précédent.
- Ce résultat est également inférieur aux prévisions d’une baisse de 3,3%.
Concrètement : Ces données mettent en lumière les obstacles majeurs auxquels l’économie dans son ensemble est confrontée pour se remettre en marche depuis la fin de la stratégie « zéro covid ».
- Après que l’économie chinoise a connu une croissance plus rapide que prévu au premier trimestre, la reprise se dessine de manière très inégale.
- Les services ont repris du poil de la bête, mais l’activité industrielle a brusquement chuté en avril, et on s’inquiète de la persistance de la fragilité du marché immobilier.
- Ces données récentes pourraient pousser la Banque populaire de Chine (PBOC) à envisager une diminution des taux d’intérêt ou à injecter davantage de liquidités dans le système financier.
- Le mois dernier, des dirigeants du Politburo (l’organe politique de haut niveau au sein du Parti communiste chinois) se sont engagés à maintenir le soutien à l’économie, en se concentrant sur la stimulation de la demande intérieure.
Une menace économique mondiale
Zoom arrière : Cela peut paraître étonnant quand, en Europe, on est confronté à une inflation encore trop élevée, mais une inflation trop faible peut entraîner plusieurs problèmes majeurs pour l’économie :
- Risque de déflation : Une baisse générale et prolongée des prix peut entraîner une spirale dépressive, car les consommateurs retardent leurs achats dans l’attente de prix encore plus bas, ce qui réduit la demande globale et conduit à une baisse de la production et de l’emploi. Un vrai marasme économique.
- Incitation à l’épargne excessive.
- Dette réelle plus élevée.
- Découragement des investissements : Les anticipations d’une faible demande future et d’une rentabilité réduite peuvent ainsi entraver l’innovation et la croissance économique à long terme.
Conséquences : Si ces soucis peuvent nous sembler bien loin, ils pourraient avoir des conséquences terribles sur l’économie mondiale.
- En tant que deuxième puissance économique mondiale, la Chine a été un moteur économique majeur depuis des décennies, propulsant la croissance mondiale sur les rails.
- Lorsque la « locomotive chinoise » ralentit, les répercussions se font sentir non seulement en Asie, mais également à l’échelle mondiale.
- Aucune région de la planète n’est épargnée, bien que le Japon et l’Allemagne en seraient les plus touchés, selon une étude publiée dans la Revue de l’OFCE.