La société suédoise Northvolt, sur laquelle reposent de nombreux espoirs pour la transition énergétique, a un nouveau président de conseil d’administration : le Danois Jim Hagemann Snabe. Qui, dans le Financial Times, sonne immédiatement la cloche : la loi américaine sur la réduction de l’inflation pose un défi majeur à l’industrie européenne du développement durable.
Le nouveau patron du fabricant de batteries Northvolt souhaite une réponse européenne au protectionnisme climatique des États-Unis : « Il nous faut des structures autosuffisantes »

Pourquoi est-ce important ?
L'"Inflation Reduction Act" (IRA), le colossal paquet climatique de l'administration Biden, libère un montant record de 369 milliards de dollars pour des investissements dans les énergies vertes. Toutefois, tant en Europe qu'en Corée du Sud, on rstime que cette loi ressemble plus un peu trop à du protectionnisme type "America First". Une des principales critiques vise le rabais fiscal accordé aux voitures électriques construites aux États-Unis. Cela pourrait poser des problèmes aux constructeurs automobiles européens qui se concentrent sur les VE, comme Volkswagen.Dans l’actu : Jim Hagemann Snabe préconise des subventions européennes pour les fabricants de batteries de voitures électriques, tels que Northvolt.
- « Pour moi, il ne fait aucun doute que l’Europe doit réussir dans ce domaine », a-t-il déclaré au FT. « L’IRA est une bonne stratégie pour les États-Unis. Je suis presque sûr que l’Europe devra faire quelque chose de similaire. La crainte est que cela réduise la mondialisation. Je pense que nous verrons un avenir plus régional. »
- Snabe, qui siège également au conseil d’administration de Siemens, croit peut-être encore à la mondialisation. Pourtant, l’homme d’affaires estime que chaque région devrait prendre des mesures pour atteindre, pour sa chaîne d’approvisionnement, un plus grand degré d’indépendance : « Pour certaines infrastructures critiques, comme les batteries, des structures autosuffisantes devraient être envisagées en Europe, aux États-Unis et en Asie. L’Europe a besoin de ses propres entreprises de production de batteries, et d’une (chaîne de production, ndlr) verte. »
Le projet européen en suspens
Il est très intéressant de noter que, parallèlement, Northvolt, qui possède deux gigafactories en Suède, songe à mettre en attente la construction d’une autre usine en Allemagne. Au lieu de cela, le fabricant de batteries envisage d’en établir une nouvelle États-Unis, comme l’a rapporté Politico.
- Son patron, Peter Carlsson, a d’ailleurs déjà laissé entendre au FT que l’IRA avait « déplacé sa dynamique de l’Europe vers les États-Unis ».
- Ainsi, Northvolt ne serait pas le seul fabricant de batteries à envisager de déplacer ses investissements du Vieux Continent vers le Nouveau Monde. Ses concurrents asiatiques, tels que CATL, SK Innovation et Samsung SDI, envisageraient des mesures similaires.
Critique envers les gigafactories
Contexte : les gigafactories sont des installations qui produisent à grande échelle des batteries pour les véhicules électriques. Elon Musk, patron de Tesla, est largement considéré comme l’initiateur de ce terme. Les efforts visant à construire de telles infrastructures interviennent à un moment où les grandes économies tentent de réduire l’empreinte carbone du transport routier, en abandonnant les véhicules fonctionnant à l’essence et au diesel.
- La construction de gigafactories en Europe suscite également des critiques. Par exemple, les analystes suggèrent que cette activité fera exploser la demande de ressources rares, comme certains métaux, d’ici à 2050.
(OD)