Concrètement : dans un communiqué de presse publié en début de semaine, Centrica Business Solutions, une très grande entreprise britannique qui fournit des solutions énergétiques « innovantes » à ses entreprises clientes, a déclaré qu’elle allait injecter de l’hydrogène dans la centrale électrique au gaz de Brigg, dans l’est de l’Angleterre.

• La centrale de 49 mégawatts (MW) est une centrale électrique d’appoint. Cela signifie qu’elle est conçue « pour répondre à la demande pendant les heures pleines ou lorsque la production d’énergie renouvelable est faible », selon la déclaration.

Pourquoi ? « Le mélange d’hydrogène et de gaz naturel réduit les émissions de carbone », affirme Centrica.

• « On s’attend à ce que, pendant l’essai, qui débutera au troisième trimestre de 2023, l’hydrogène ne représente pas plus de 3 % du mélange gazeux, pourcentage qui sera progressivement porté à 20 % après l’achèvement du projet », ajoute la société.
• « À plus long terme, la vision est de passer à 100 % d’hydrogène et de déployer une technologie similaire dans toutes les centrales électriques d’appoint alimentées au gaz. »
• Centrica est déjà en train de convertir une partie de son site de Brigg en une installation de stockage de batteries. L’énergie produite par les parcs éoliens voisins y sera stockée.

L’électrolyse…

Un mot d’explication supplémentaire : l’hydrogène peut être produit de plusieurs façons. L’une des méthodes consiste à utiliser l’électrolyse, où un courant électrique divise l’eau en oxygène et en hydrogène. Le grand avantage de l’hydrogène est qu’il peut être stocké.

• Le projet implique également la start-up HiiROC, dans laquelle Centrica détient une participation. HiiROC a développé une technologie d’électrolyse qui permet de produire de l’hydrogène à moindre coût et avec moins d’émissions que les autres méthodes.
• Le processus d’électrolyse de HiiROC convertit le biométhane, le gaz de torche ou le gaz naturel en hydrogène et en suie, un sous-produit qui peut être utilisé dans les pneus, les caoutchoucs et les encres d’impression, rapporte The Guardian.
• Si l’électricité utilisée dans l’électrolyse provient d’une source renouvelable telle que l’énergie éolienne ou solaire, le produit final est appelé hydrogène vert.

… mange de l’électricité

Si le potentiel de l’hydrogène vert suscite l’enthousiasme de nombreux milieux d’affaires et de certains gouvernements, sa production conserve un coût prohibitif ; en effet, il se nourrit d’électricité.

Des dizaines de projets sont déjà en cours de développement dans le monde entier ; peu d’entre eux sont opérationnels. Certains experts continuent de se demander s’il sera possible de produire ce combustible de manière rentable et à grande échelle. Actuellement, la grande majorité de la production d’hydrogène est basée sur les combustibles fossiles.
En Belgique, la société énergétique Engie et l’entreprise chimique Ineos ont commencé à expérimenter le mélange d’hydrogène dans une turbine à gaz l’année dernière, écrivait De Tijd à l’époque.

Les tests ont eu lieu sur le site d’Ineos Phenol dans le port d’Anvers. C’était la première fois que de telles expériences étaient menées à l’échelle industrielle en Belgique. Mais l’hydrogène en question n’avait pas été généré par une source renouvelable.

Et c’est bien le principal problème de l’hydrogène, outre sa rentabilité (il faut 20% d’énergie en plus à l’entrée qu’on en retrouve à la sortie). L’immense majorité de l’hydrogène est produit à base d’énergies fossiles, et en particulier… de gaz naturel.

BL