Ni Boeing ni Airbus : la Russie veut désormais se la jouer solo en matière d’avions de ligne

L’industrie aéronautique russe ne veut plus compter sur l’américain Boeing ni l’européen Airbus pour assurer ses vols. Elle prévoit de produire 1.000 avions de ligne d’ici 2030.

Nouvelle preuve – s’il en fallait – que la séparation avec l’Occident pourrait persister même après la guerre, la Russie vient d’annoncer qu’elle fera dorénavant cavalier seul en matière d’aéronautique. La société d’État Rostec se chargera en effet de construire 1.000 avions de ligne à partir de pièces fabriquées localement d’ici 2030.

« À partir de cette année, nous ne comptons plus sur la coopération internationale avec les pays occidentaux », a déclaré Rostec. « Nous ne nous attendons pas à ce que les sanctions soient assouplies et nous construisons nos plans sur la base du scénario difficile existant », a poursuivi la société.

Une industrie au plus mal

Une décision forcément liée aux sanctions que l’Occident a infligées à la Russie en réaction à son invasion de l’Ukraine. Suite à cela, Moscou s’est retrouvée à piller ses propres avions pour en faire voler d’autres par manque de pièces détachées et dans l’impossibilité d’en faire venir de l’étranger. Une situation qui n’a fait que souligner la dépendance de la Russie aux avionneurs occidentaux.

Il faut dire que les avions étrangers, principalement de Boeing et Airbus, représentaient 95% du trafic aérien civil, souligne Reuters.

« Les avions étrangers sortiront de la flotte »

Rostec, société d’État active dans le développement, la production et l’exportation de produits industriels de haute technicité destinés aux secteurs civils et militaires, voit dans cette situation une opportunité pour la Russie de construire une industrie aéronautique forte et autonome.

« Les avions étrangers sortiront de la flotte », a-t-il indiqué. « Nous pensons que ce processus est irréversible et que les avions Boeing et Airbus ne seront jamais livrés à la Russie », a-t-il déclaré.

Reste qu’en l’état, l’objectif de la Russie de construire 1.000 avions de ligne d’ici 2030 parait peu réalisable. Le directeur général de la société américaine AeroDynamic Advisory, Richard Aboulafia, qualifie le projet de « fondamentale impossible ». « Même lorsqu’ils pouvaient obtenir des semi-conducteurs et d’autres composants vitaux de l’Occident, ils avaient beaucoup de mal à produire plus qu’une poignée de jets », a-t-il déclaré.

L’année dernière encore, la moitié des composants et des technologies utilisés dans l’industrie aéronautique russe provenait de l’étranger, rapporte Reuters. Comment la Russie peut-elle espérer combler cela sans aide extérieure ? « Notre prochain objectif est, dans les plus brefs délais, d’achever la substitution des importations de ces pièces importées qui ont été livrées de l’étranger, pour des projets d’aviation prometteurs – SSJ-New et MS-21 », a tout de même précisé Rostec.

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