En plein contexte de crise du gaz, l’Allemagne pourrait finalement prolonger la durée de vie de ses trois dernières centrales nucléaires. La pression de l’opinion publique commence à faire basculer le gouvernement allemand.
« Le nucléaire n’est pas une option », voici ce que déclarait encore le ministère allemand de l’Environnement, mi-juin. Cela fait de longues semaines que la pression s’intensifie, aussi bien au niveau de l’opinion publique, des industriels que de l’intérieur du gouvernement. En effet, les libéraux, et en particulier le ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, avaient demandé « un débat ouvert et sans idéologie » sur la question. Les sociaux-démocrates (SPD) et les écologistes, en tripartite, avaient refusé. Depuis l’extérieur du gouvernement, les conservateurs de la CDU/CSU exercent également une forte pression sur les Verts.
Virage
Nous sommes mi-juillet, le gazoduc Nord Stream 1 est à l’arrêt pour dix jours pour des travaux de maintenance, et Berlin craint très sérieusement que les vannes ne soient jamais réouvertes. L’Allemagne a été le premier pays d’Europe occidentale à enclencher sa phase d’alerte 2 sur 3 niveaux, et a déjà préparé la population à plus de sobriété énergétique.
Les 3 dernières centrales en activité doivent normalement fermer pour la fin de l’année, mais le vent est en train de tourner. « Nous allons calculer à nouveau et ensuite prendre une décision sur la base de faits clairs », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Environnement, ajoutant que les résultats de la nouvelle évaluation étaient attendus dans quelques semaines, note Reuters.
Verts
Les Verts, qui résistent, se défendent de toute considération idéologique. Pour eux, si les 3 centrales nucléaires ne peuvent être prolongées, c’est surtout pour des raisons techniques, des défis juridiques, d’autorisation et d’assurance, de sécurité, et de combustibles qui viennent à manquer.
La nouvelle évaluation tiendra compte de l’impact potentiel de la hausse des prix du gaz sur les prix de l’électricité, de coupures d’approvisionnement en gaz et d’un arrêt de la production des centrales nucléaires françaises, selon un document du ministère de l’Économie consulté par Reuters.
La sortie du nucléaire a été actée par une loi de 2011 sous Angela Merkel, et qui fait suite à la catastrophe de Fukushima. L’Allemagne, 9e puissance nucléaire du monde à l’époque, est passée de 32 réacteurs en activité à 3 en 2022.