Nous avons besoin de moins de sommeil que nous le pensions. Mais cela ne fait que renforcer une autre énigme

Une nuit complète de sommeil signifie huit heures pour les adultes, n’est-ce pas ? Mais cela peut ne plus être vrai une fois un certain âge atteint. Une équipe de chercheurs vient de découvrir que sept heures de sommeil pourraient être la quantité idéale de sommeil pour les personnes d’âge moyen et les personnes âgées. Mais cela renforce en réalité un mystère : nous ne savons pas vraiment pourquoi nous avons « seulement » besoin de sept heures de sommeil. Après tout, les autres primates dorment beaucoup plus longtemps que les humains. La réponse se trouve peut-être dans notre évolution.

Dans une étude publiée dans la revue Nature Aging, des chercheurs affirment que sept heures de sommeil sont meilleures pour les performances cognitives et une bonne santé mentale. Ils ont examiné les données de près de 500.000 participants âgés de 38 à 73 ans et ont constaté qu’un sommeil insuffisant – ainsi qu’un sommeil excessif – était associé à une diminution des performances cognitives et à une détérioration de la santé mentale.

Les participants à l’étude ont fait état de leurs habitudes de sommeil et ont également répondu à des questions sur leur bien-être et leur santé mentale. Ils ont effectué un certain nombre de tâches cognitives qui ont testé leur vitesse de traitement, leur attention visuelle, leur mémoire et leur capacité à résoudre des problèmes. Et ceux qui avaient sept heures de sommeil ininterrompu s’en sortaient mieux dans l’ensemble.

Un autre facteur important est la cohérence. Les meilleurs résultats ont été observés chez les personnes qui ont montré peu de fluctuations dans leur rythme de sommeil sur une longue période et qui ont respecté les sept heures. En d’autres termes, quatre heures de sommeil pendant une courte nuit ne peuvent pas être « rattrapées » en dormant 10 heures la nuit suivante.

Mais… pourquoi seulement sept heures ?

Selon les chercheurs, un manque de sommeil est susceptible d’entraver le processus d’élimination des toxines par le cerveau. Ils pensent également que la perturbation du sommeil léger ou profond peut être responsable du déclin cognitif.

Lorsque le sommeil profond est perturbé, il peut entraîner l’accumulation d’amyloïde, une protéine qui, si elle ne fonctionne pas correctement, peut provoquer des « enchevêtrements » dans le cerveau, caractéristiques de certaines formes de démence.

Nous apprenons donc quelque chose de nouveau sur le sommeil, mais l’une des grandes énigmes demeure : pourquoi seulement sept heures ? C’est un chiffre surprenant si l’on considère nos plus proches parents animaux. Les humains dorment moins que tous les autres singes que les scientifiques ont étudiés. Les chimpanzés dorment environ neuf heures et demie toutes les 24 heures. Les tamarins à crête blanche dorment approximativement 13 heures. Les singes de nuit (Douroucouli) sont techniquement nocturnes, bien qu’ils ne soient en fait presque jamais éveillés – ils dorment 17 heures par jour.

Nous dormons moins, mais rêvons plus

Cette divergence est également connue sous le nom de paradoxe du sommeil humain. Comment est-ce possible, que nous dormions le moins de tous les primates ? Un modèle de sommeil des primates basé sur des facteurs tels que la masse corporelle, la taille du cerveau et le régime alimentaire a conclu que les humains devraient en fait dormir environ neuf heures et demie par période de 24 heures, et non sept.

Les recherches menées sur les primates et les populations humaines non industrielles ont révélé les différentes manières dont le sommeil humain est inhabituel. Non seulement nous passons moins d’heures à dormir que les autres primates, mais nous passons également une plus grande partie de notre nuit dans la phase de sommeil connue sous le nom de sommeil paradoxal ou REM. Les raisons de nos étranges habitudes de sommeil font encore l’objet de débats, mais elles peuvent probablement être trouvées dans l’histoire de la façon dont nous sommes devenus humains.

En dehors des arbres

Il y a des millions d’années, nos ancêtres vivaient et dormaient dans les arbres. Les chimpanzés et autres grands singes d’aujourd’hui dorment encore dans des lits temporaires dans les arbres ou sur des plateformes. Ils plient ou cassent les branches pour créer une forme de bol, qu’ils peuvent garnir de brindilles feuillues. (Les singes, comme les gorilles, construisent parfois des lits à même le sol).

Nos ancêtres sont descendus des arbres pour vivre sur le sol et, à un moment donné, ils ont commencé à y dormir. Cela signifiait qu’il fallait renoncer à tous les avantages du sommeil dans les arbres, notamment la sécurité relative contre les prédateurs tels que les lions.

Les fossiles de nos ancêtres ne révèlent pas à quel point ils étaient bien équipés. Pour en savoir plus sur la façon dont les gens dormaient à l’époque, les anthropologues étudient donc la meilleure comparaison dont ils disposent : les sociétés contemporaines non industrielles.

Les participants à l’étude portent généralement un dispositif appelé Actiwatch, similaire à un Fitbit auquel est ajouté un capteur de lumière, pour enregistrer leurs habitudes de sommeil. Il s’avère que les Hadza de Tanzanie, ainsi que les Tsimane de Bolivie et les San de Namibie, ne dorment en moyenne que 5,7 à 7,1 heures.

Deux théories

Il semble donc que l’homme ait évolué pour avoir besoin de moins de sommeil que les primates qui lui sont apparentés. Une analyse de 2018 montre que nous y sommes parvenus en éliminant le temps non-REM. Le sommeil paradoxal est la phase du sommeil la plus souvent associée aux rêves les plus vifs. Cela signifie que nous pouvons rêver pendant une plus grande proportion de notre nuit que les primates. Nous sommes également flexibles quant au moment où nous obtenons ces heures de repos.

Un sommeil paradoxal court et flexible a probablement évolué en raison de la menace des prédateurs naturels lorsque les humains ont commencé à dormir sur le sol. Une étude réalisée en 2008 avait déjà montré que les mammifères exposés à un risque élevé de prédation dorment moins en moyenne.

Il existe une autre théorie : nos ancêtres ont peut-être comprimé leur sommeil en une période plus courte parce qu’ils avaient des choses plus importantes à faire le soir que de se reposer. Partage d’informations et de culture autour d’un feu, par exemple.

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