Alors qu’un embargo sur le pétrole russe se précise, plusieurs experts du secteur se sont penchés sur les conséquences néfastes tant pour l’Union que pour la Russie.
Selon Barclays, un embargo sur le pétrole russe pourrait faire grimper les prix de référence de 40%. Cela entrerait une « légère récession » dans l’UE qui se traduirait à la fin de l’année par une perte de croissance de 1,3%, avec une inflation qui prendrait encore 1,4%. Rappelons que l’inflation moyenne de la zone euro a atteint les 7,5% au mois d’avril, ce qui est tout simplement une première.
Si l’Union venait à boycotter le gaz russe, outre les probables rationnements dans certains pays comme l’Allemagne ou l’Italie, Barclays entrevoit un bilan nettement plus lourd, avec une perte de 5% pour le PIB de la zone euro, et un prix du gaz qui grimperait de 200%.
Russie
Du côté russe, les conséquences ne seraient guère réjouissantes non plus. « L’économie russe devrait déjà se contracter de plus de 10% cette année. Si un embargo de l’UE se produisait, cela enverrait probablement l’économie dans une grande dépression », a expliqué Matt Smith, analyste pétrolier en chef de la société d’analyse des marchés Kpler, à Business Insider.
Concrètement, un embargo de l’UE devra pousser la Russie à trouver une solution pour quelque 2,5 millions de barils par jour. Alors que la Chine et l’Inde ont été évoquées comme des alternatives, la réalité logistique n’est pas si simple. Des estimations tablent sur une absorption potentielle d’un million de barils par jour pour ces deux pays. L’Inde doit en fait respecter ses contrats à long terme avec les pays du Moyen-Orient. La Chine fait, elle, face à une résurgence du Covid, et sa croissance en est affectée. Ses propres raffineries de pétrole ont déjà ralenti.
Moscou devrait probablement stocker d’énormes quantités de pétrole ou les vendre rapidement à très bas prix. La conséquence la plus probable est que la Russie soit contrainte de limiter sa production de pétrole.
Les recettes d’exportation de pétrole vers l’Europe représentaient 11 % du PIB de la Russie en 2021, bien plus que les 2,3 % à 2,6 % que représentaient les exportations de gaz vers l’Europe, selon le Rhodium Group. Avec l’emballement des prix du gaz, ces proportions ont toutefois changé en 2022. Toujours est-il que la Russie a doublé ses bénéfices sur les énergies fossiles depuis le début du conflit. Une situation intenable pour l’UE qui arme d’un côté l’Ukraine et abreuve la Russie de milliards d’euros de l’autre.
La perspective d’un embargo sur le pétrole russe ne dépend en fait plus que d’un seul pays dans l’Union : la Hongrie.